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Congés juillet-août: l'étrange référendum d'un Intermarché

"C'est au moment où l'on a le plus besoin de vous que vous vous absentez" a lancé le patron du magasin à ses employés.

"Avoir accepté de mettre en place des congés payés au mois de juillet et d'août est pour moi une erreur." Jean-Pierre Le Berrigo, patron d'un Intermarché de Villemagne-l'Argentière (Hérault), a tenu à partager avec ses salariés son ressenti négatif sur l'été 2018 de son magasin, dans une lettre datée du 31 juillet.  

En cause selon lui, les congés accordés à ses employés à cette période, "les deux mois les plus forts pour le magasin". 

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C'est le quotidien Le Parisien qui a dévoilé cette curieuse lettre vendredi. Pour le patron, l'Intermarché a pâti de ces vacances: "c'est au moment où l'on a le plus besoin de vous que vous vous absentez pour laisser vos univers à des saisonniers qui n'ont aucune connaissance de notre métier" écrit-il. Il lance donc un référendum sur la proposition suivante: annuler tout simplement les congés d'été en juillet et en août.  

Dans la première partie de la lettre, le patron en appelle d'abord à l'unité de l'entreprise, assurant que cette interdiction sera valable pour tout le monde et qu'il s'agit avant tout d'être "au service de nos clients qui font notre salaire à tous". De plus, la majorité à atteindre pour remporter le référendum est fixée à 60% "afin que ma décision soit incontournable" assure Jean-Pierre Le Berrigo. 

"Les votes non exprimés seront pris en compte comme un OUI"

Mais les règles du référendum laissent une liberté limitée aux salariés. A la fin de sa lettre, il écrit en effet que le vote ne sera pas anonyme car il "considère que nous devons tous assumer nos décisions". Le chef du magasin saura donc quels salariés ont accepté ou refusé sa proposition.  

L'abstention n'est pas non plus une réelle option, car "les votes non exprimés seront pris en compte comme un OUI". Selon Jean-Pierre Le Berrigo, c'est "pour ne pas se retrouver avec une participation trop faible". 

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La proposition curieuse l'est d'autant plus qu'un deuxième document a été dévoilé, daté, cette fois du 30 janvier 2018. Dans cette lettre, le même patron interdit déjà la prise de congés en mai, et rappelle que lui-même a pris des vacances pendant les deux mois d'été pointés du doigt: une semaine en août "du 13 au 18 août". 

Le patron de l'Intermarché de Villemagne-l'Argentière (Hérault) avait déjà publié une lettre en janvier interdisant de prendre des congés en mai.

Le patron de l'Intermarché de Villemagne-l'Argentière (Hérault) avait déjà publié une lettre en janvier interdisant de prendre des congés en mai.

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Le patron ne pense pas remporter le scrutin qu'il a initié

Contacté par Le Parisien, Jean-Pierre Le Berrigo, a répondu via Facebook, décrivant son référendum comme un "bel exemple de démocratie dans l'entreprise". "Il n'y a rien contre les lois du travail. Je les respecte. Comme mes salariés. La preuve, pas de passage en force" assure-t-il. Il a en effet le droit d'autoriser ou non des vacances à certaines périodes. 

Dans Libération, l'avocat du droit du travail Emmanuel Mauger assure que cette consultation n'a pas de valeur juridique, "l'employeur, en l'espèce, essaie seulement d'habiller sa propre décision d'une pseudo consultation démocratique", explique-t-il. Après avoir reçu les premiers votes, Jean-Pierre Le Berrigo confie au Parisien qu'il pense ne pas remporter le scrutin. Les résultats définitifs seront connus fin septembre. 

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https://www.lexpress.fr/actualite/societe/conges-juillet-aout-l-etrange-referendum-d-un-intermarche_2032362.html

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