
La journée promet d'être longue pour la livre turque. Le krach de la devise turque s'accélère d'heure en heure. Le dollar a touché le niveau record de 6,43 livres, avant de revenir à 6,23 livres, soit une chute de près de 11 % de la devise turque. Le niveau de 7 livres par dollar pourrait être atteint aujourd'hui. Les déclarations du président Erdogan n'ont fait qu'aggraver la situation.
« Lobby », « tueurs à gage »
Le président turc a en effet déclaré en début d'après midi que le « lobby des taux d'intérêt ne parviendra pas à écraser le pays ». Face à cette instabilité financière qualifiée « d'artificielle », la Turquie ne cédera pas aux menaces des « tueurs à gage économiques ». Une allusion aux spéculateurs étrangers, les boucs émissaires récurrents des autorités. Il a invité ses concitoyens à échanger leurs dollars ou leur or contre des livres. Ces déclarations surréalistes aux yeux des économistes et des stratèges, ont provoqué une nouvelle chute de la devise turque. Le ministre de l'économie et des finances Berat Albayrak a simplement évoqué la nécessité de « redonner de la confiance dans la livre ».
La contagion aux autres devises émergentes reste pour le moment circonscrite. Le rand SUD africain cède 1,6 %, le forint hongrois 1,4 % et le peso mexicain 1,2 %. L'euro est repassé sous la barre de 1,15 dollar, en repli de 0,8 % à 1,1465 dollar du fait de l' exposition des banques européennes à la Turquie .
Crise de 2001
La situation actuelle en Turquie évoque la grave crise bancaire et financière que connut le pays en 2000-2001. En février 2001, la livre, alors arrimée au dollar, fut dévaluée et perdit rapidement près de 30 %. La livre turque affiche la plus forte contre-performance des devises émergentes cette année, une chute de 36 % devant le peso argentin qui a perdu 33 %.
Inflation et fuites des capitaux
La chute de la livre accentue l'inflation, en hausse de 16 % en juillet d'une année sur l'autre. Les taux d'intérêt, actuellement de 17,5 %, pourraient être encore remontés, pénalisant la croissance et accentuant la crise de défiance et les fuites de capitaux étrangers.
Seulement, le président Erdogan a déjà fait savoir qu'il était peu favorable à une hausse des taux d'intérêt pour stabiliser la livre, en opposition avec sa banque centrale. En mai dernier, il avait d'ailleurs déclaré à l'agence Bloomberg que le président devait être responsable de la politique monétaire.
Spectre du défaut
Pour soutenir sa devise sur le marché des changes, la banque centrale devra puiser dans ses réserves de changes, estimées à 105 milliards de dollars en mars, dont 87 milliards en devises étrangères et 17 milliards en or. Seulement, les précédentes interventions de la banque centrale turque sur le marché des changes pour soutenir la livre n'ont apporté qu'un répit éphémère à sa monnaie et n'ont pu inverser la tendance face au pessimisme structurel des marchés.
Ces derniers commencent à parier sur l'incapacité du pays à honorer sa dette. La probabilité d'un défaut a été multipliée par deux depuis le début de l'année. La dernière fois que les marchés avaient été aussi pessimistes à l'égard de l'avenir financier du pays remonte à 2009, dans le sillage de la grande crise financière mondiale.
https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0302100296367-le-krach-de-la-livre-met-la-turquie-au-pied-du-mur-2197416.phpBagikan Berita Ini
0 Response to "Le plongeon de la devise turque s'accélère"
Post a Comment