Paris, 10 août 2018 - Les voyants passent à l'orange dans le secteur privé: l'emploi salarié, bien qu'en hausse, a connu au 2e trimestre sa plus faible progression depuis trois ans, dans le sillage d'une croissance qui s'essouffle.
D'avril à juin, le secteur privé a enregistré 31.000 créations nettes de postes salariés (+0,2%), selon une estimation de l'Insee publiée vendredi. Pour retrouver une hausse plus faible de l'indicateur, il faut remonter au 3e trimestre 2015. En 2017, en moyenne, les effectifs des entreprises augmentaient de près de 90.000 salariés chaque trimestre.
Le ralentissement s'était déjà ressenti au premier trimestre, avec seulement 46.000 créations (+0,2%).
L'indicateur atteint tout de même au printemps un nouveau record, avec un total de 19,41 millions de postes, grâce à ce 13e trimestre consécutif dans le vert. Sur un an, 241.100 emplois salariés (+1,3%) ont été créés.
L'Institut national de la statistique et des études économiques s'attendait à un ralentissement mais pas aussi fort. En juin, il prévoyait une hausse de 41.000 postes dans le secteur marchand non agricole (services marchands, intérim, industrie et construction). L'emploi n'a finalement augmenté que de 29.900 postes dans ce secteur.
Dans le détail, au 2e trimestre, les services marchands (+28.500, +0,2%) concentrent la quasi-totalité des créations d'emplois, restant la principale locomotive du secteur privé. Si la construction reste, elle aussi, dynamique (+4.100, +0,3%), l'intérim enregistre de son côté sa plus faible hausse (+1.100, +0,1%) depuis 2014. L'intérim atteint malgré tout un nouveau record d'effectifs, avec 816.900 postes.
Seule l'industrie (-3.800, -0,1%) détruit des emplois. Les usines, qui ont perdu près d'un million d'emplois depuis début 2001, connaissent un début de reprise depuis un an, mais elles restent fragiles.
L'agriculture (+200, +0,1%) et les services non marchands (+1.000, +0,0%) voient leurs effectifs croître très légèrement au 2e trimestre.
Sur un an, tous les secteurs d'activité sont bien orientés. L'emploi tertiaire marchand (+145.300, +1,3%), l'intérim (+54.600, +7,2%) et la construction (+23.200, +1,7%) sont particulièrement à la fête. Les créations sont moins fortes dans l'industrie (+3.800, +0,1%), l'agriculture (+3.500, +1,2%) et les services non marchands (+10.800, +0,4%).
- L'emploi toussote -
Le ralentissement de l'emploi devrait se poursuivre, en raison d'une croissance qui ramollit, selon les prévisions de l'Insee publiées en juin. L'activité économique n'a crû que de 0,2% aux 1er et 2e trimestre, après cinq trimestres autour de +0,7%.
Et le secteur public ne devrait plus apporter son écot autant qu'avant, le gouvernement ayant drastiquement réduit la voilure en matière de contrats aidés. S'il a budgété 200.000 nouveaux contrats pour 2018, un chiffre déjà en nette baisse par rapport à 2017, leur consommation est, en plus, plus faible que prévu sur le premier semestre.
Quand l'emploi toussote, c'est la baisse du chômage qui risque de marquer le pas.
Pour l'heure, les organismes de prévision restent relativement optimistes. Après être passé de 10,5% à 9,2% de la population active entre mi-2015 et début 2018, le taux de chômage devrait continuer de baisser jusqu'à 8,8% en fin d'année. Mais qu'adviendra-t-il de cette projection qui se basaient sur une prévision de croissance légèrement plus forte au 2e trimestre ?
Ces incertitudes ne font pas les affaires du gouvernement, qui souhaite, conformément à une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, descendre à 7% de chômage d'ici à 2022. L'exécutif guette aussi une baisse du chômage pour pouvoir mettre en oeuvre une réforme de Pôle emploi, avec des baisses d'effectifs à la clef.
Matignon considérait récemment qu'il était "raisonnable de penser que le chômage (allait) baisser".
L'Insee publiera mardi le taux de chômage au 2e trimestre. Les chiffres de Pôle emploi, l'autre thermomètre du chômage, font déjà apparaître une hausse de 0,2% du nombre de chômeurs inscrits sur les listes de l'opérateur.
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