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Assurance-chômage : les partenaires sociaux affichent leurs divisions

Alors que les discussions avec le gouvernement se poursuivent, le nouveau patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, prône une remise à plat complète du système, sans exclure la dégressivité des allocations. Mais les syndicats de salariés, CGT en tête, s'y opposent fermement.

La réforme de l'assurance-chômage s'annonce bien compliquée à mener pour le gouvernement. Depuis la semaine dernière, ce dernier reçoit les partenaires sociaux censés négocier les nouvelles règles qui régiront le système jugé aujourd'hui inefficace pour lutter contre la précarité et peu incitatif au retour à l'emploi. Une dernière réunion avec la CFDT et l'Unsa aura lieu à Matignon mardi. Mais déjà, le Medef et les syndicats de salariés affichent des positions qui semblent difficiles à concilier.

Le nouveau patron de l'organisation patronale, Geoffroy Roux de Bézieux, préconise ainsi, dans un entretien aux Échos ce lundi, de «remettre complètement le système à plat». «L'assurance chômage n'est plus une assurance. L'Unedic finance Pôle emploi et l'État garantit la dette. Il n'y a plus de cotisations salariales», a-t-il expliqué au micro de France Info ce matin. Dans Les Échos, il met aussi en avant les problèmes de recrutement qui sont devenus «la préoccupation numéro un des chefs d'entreprises» et la mauvaise situation financière de l'Unédic, le gestionnaire de l'assurance chômage.

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Sa première proposition est de créer «une allocation universelle forfaitaire financée par la CSG, gérée par l'État, qui intégrerait l'ASS (Allocation de solidarité spécifique, attribuée aux personnes ayant épuisé leurs droits au chômage, ndlr) et potentiellement d'autres minima sociaux». Deuxième proposition: la mise en place d'«un régime assurantiel complémentaire obligatoire, géré par les partenaires sociaux, comme c'est le cas pour les retraites complémentaires, financé par les cotisations des entreprises, non garanti par l'État et avec une règle d'or: l'équilibre des comptes». Enfin, Geoffroy Roux de Bézieux propose un régime supplémentaire, pour les indépendants et les chefs d'entreprise «qui ne sont pas assurés aujourd'hui par les cotisations». Dans ce scénario, le budget de Pôle Emploi serait financé «séparément», et non en pourcentage des recettes de l'Unédic. Le patron du Medef affirme par ailleurs que la dégressivité des allocations ou le plafonnement des indemnités sont des options possibles. «Je ne crois pas qu'il faille toucher à un unique paramètre. C'est une équation à six ou sept inconnues. Il faut faire des simulations», a-t-il souligné sur France Info.

«Il faudrait que tous les chômeurs puissent être indemnisés. Un sur deux ne l'est pas»

Philippe Martinez, CGT

Ces propositions ont été rejetées en bloc par Philippe Martinez ce matin. «Il faut faire preuve de solidarité, il faut des cotisations sociales et le Medef n'aime pas ça. Vous avez vu le nombre d'exonérations de cotisations qui vont directement alimenter le bénéfice des entreprises et vont directement dans la poche des actionnaires? Geoffroy Roux de Bézieux propose d'aller plus loin et ça ne règle pas le problème», a-t-il lancé au micro de BFMTV. Selon lui, «il faudrait que tous les chômeurs puissent être indemnisés. Un sur deux ne l'est pas», assure-t-il. «Il faut réformer de façon à ce que quand on est privé d'emploi, on puisse toucher des indemnités, y compris dans la première recherche d'emploi. Il faut réformer dans ce sens-là». Le dirigeant de la CGT s'est par ailleurs opposé à l'idée d'une dégressivité des allocations. «Une dégressivité pourquoi? Certains seraient des profiteurs?», s'est-il interrogé. Il prône en revanche l'instauration d'un malus pour les entreprises qui abusent des contrats courts quand le patron du Medef dénonce «une vision punitive de l'économie» dont la conséquence principale sera «qu'il n'y aura tout simplement pas d'embauche».

Les négociations qui doivent se tenir entre les partenaires sociaux s'annoncent donc animées. Elles se feront sur la base d'une lettre de cadrage qui sera envoyée par le gouvernement d'ici la fin du mois, après la phase de consultations des syndicats. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a déjà fait savoir qu'elle n'excluait aucune piste de travail. En cas d'échec des discussions, le gouvernement se tient prêt à reprendre la main pour pouvoir appliquer cette réforme dès le printemps 2019.

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