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L'Ademe pointe le lourd impact environnemental des équipements domestiques

Quand on parle d'impact sur le climat ou les ressources, on pense en premier lieu au transport, à l'habitat et à l'alimentation. L'Ademe révèle dans une étude inédite que les équipements de la maison tels que les appareils électriques, les vêtements et les meubles ont un impact tout aussi important.

Ces produits ont une incidence sur les changements climatiques via les émissions de gaz à effet de serre, qui représentent jusqu'à 25% des émissions globales, mais aussi sur la consommation de matières via la mobilisation de nombreuses ressources naturelles.

45 tonnes de matières premières mobilisées pour chaque foyer

L'Ademe, qui a mené cette étude sur 45 catégories de biens, chiffre à 2,5 tonnes le poids moyen des équipements présents dans chaque maison. Mais, pour fabriquer ces 2,5 tonnes, il a fallu mobiliser 45 tonnes de matières premières et émettre 6 tonnes de CO2. Ainsi, les métaux, utilisés dans les puces de nos smartphones, nécessitent une grande quantité de matières. C'est le cas du cuivre pour lequel la teneur moyenne du minerai avoisine 0,6%. "Pour une tonne de cuivre extraite, c'est plus de 8.000 tonnes de roche qui sont déplacées", explique l'Ademe. Un téléviseur de 11 kg va mobiliser 2,5 tonnes de matières et ses émissions carbone équivalent à un aller-retour Paris-Nice en avion.

Quant aux textiles, leur impact se révèle considérable du fait des différentes étapes de fabrication : production des matières premières, filage, tissage, transport, etc. Une garde-robe de 50 kg mobilise 2,5 tonnes de matières et ses émissions de gaz à effet de serre représentent un aller-retour Paris-Montréal en avion.

Or, les ménages consomment toujours plus de biens pour équiper leur maison, communiquer, s'habiller ou pratiquer un sport. En 2016, une personne achetait 60% de plus d'habits et les gardait moitié moins longtemps qu'en 2002 selon une étude du cabinet McKinsey."Le volume annuel de consommation par personne est aujourd'hui trois fois plus élevé qu'en 1960", indique l'Ademe. Mais les Français n'en ont pas toujours conscience comme le démontre une étude Ipsos de 2016 : alors qu'ils pensent posséder 34 équipements électriques et électroniques dans leur foyer, le chiffre s'élève en réalité à 99 en moyenne.

Prendre conscience des parties cachées de l'iceberg

"La prise de conscience des « parties cachées » de l'iceberg de la consommation représente la première étape vers une consommation responsable", estime l'Ademe qui adresse une série de recommandations aux consommateurs. Il s'agit tout d'abord d'éviter de se suréquiper. Un challenge auquel tentent de répondre les 12.000 participants du défi "Rien de neuf" lancé en début d'année par l'association Zéro Waste. "Un premier bilan montre qu'il est assez facile au quotidien de trouver des alternatives aux produits neufs. En revanche, il existe un obstacle qui est celui de la durabilité des objets", explique la directrice de l'ONG Flore Berlingen.

La deuxième préconisation porte précisément sur l'achat de biens plus durables, en s'appuyant par exemple sur l'écolabel européen ou l'étiquette énergie des appareils électroménagers. L'Ademe travaille également sur un indice de réparabilité, comme le prévoit la feuille de route sur l'économie circulaire lancée au printemps par le gouvernement, mais aussi sur un indice de durabilité, explique Marc Chevarry, directeur économie circulaire et déchets à l'Ademe.

Autre recommandation : celle d'éviter le surdimensionnement des équipements, en particulier pour les télévisions, smartphones et tablettes. "Le recours à des produits plus grands entraîne des poids carbone et matières proportionnellement plus élevés", explique Pierre Galio, chef du service consommation et prévention de l'Ademe. Or, la tendance du marché va malheureusement dans ce sens. L'Agence recommande également d'éviter de renouveler trop souvent les produits. Un message qui s'adresse à la fois aux consommateurs et aux fabricants qui les mettent sous pression via un marketing agressif. Ainsi, les Français changent-ils leur téléphone tous les deux ans en moyenne, alors que 88% fonctionnent encore. "Sur le sujet de la publicité, il y a une asymétrie des forces mais nous travaillons avec l'Autorité de régulation de la publicité pour alerter sur les publicités non vertueuses", assure Arnaud Leroy, le président de l'Ademe.

Enfin, cette dernière préconise de travailler sur l'augmentation de la durée de vie des produits. Cela implique les fabricants mais aussi un changement de comportement des consommateurs en vue de favoriser l'échange, la location, l'achat d'occasion, la récupération, la réparation... Ce qui passe notamment par les Repair Cafés ou encore le Réseau des ressourceries. "Sur les 754 tonnes d'objets collectés en 2017, 61% ont trouvé une seconde vie à travers le magasin solidaire de 700 m2", explique ainsi Benoît Akkaoui, directeur de la Ressourcerie des Biscottes dans le Maine-et-Loire.

Mettre sur le marché des produits facilement réparables

Quant aux fabricants, ils doivent mettre sur le marché des produits plus facilement réparables. Un challenge auquel tente de répondre le Groupe SEB qui s'engage à réparer la totalité de ses produits pendant dix ans. "Mettre à disposition des pièces détachées ne suffit pas, il faut également que le coût soit acceptable pour le consommateur", explique Alain Pautrot, directeur Satisfaction consommateurs du fabricant d'électroménager. D'où le lancement cet été de "forfaits de réparation" pour chaque famille de produits de la marque Rowenta, dont le montant ne dépasse pas 40% du prix de vente du produit.

Si la communication de l'Ademe reste très tournée vers le consommateur, les solutions pourraient également venir des entreprises. Ainsi, Arnaud Leroy se dit favorable à l'élargissement du mécanisme de responsabilité élargie des producteurs (REP) à de nouvelles familles de produits. Le changement devrait venir également d'un renforcement de l'écomodulation des contributions dans les filières REP déjà en place. "Ce qui représente 1 euro aujourd'hui sur un réfrigérateur pourrait atteindre jusqu'à 20 euros demain et devenir significatif pour le producteur", explique Marc Cheverry.

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