
Le gouvernement laisse la porte ouverte à la construction d'une série de nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR mais souhaite avant cela avoir la garantie que les coûts seront maîtrisés.
Il faudra donc encore attendre. L'exécutif envisage de décider, seulement entre 2021 et 2025, de lancer la construction «d'une nouvelle série» de réacteurs EPR, d'après un document de travail rédigé dans le cadre de la définition de la feuille de route énergétique. Et pour cause: diverses interrogations subsistent - en grande partie financière - sur le futur de ces réacteurs nouvelle génération. L'exécutif exige, en ce sens, la garantie que les coûts seront maîtrisés. Pour cela, il prévient que la filière nucléaire devra mettre au point avant mi-2021 un «programme industriel» qui garantisse que ces futurs EPR auront un coût acceptable.
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Dans les faits, l'inquiétude du gouvernement est légitime. Les cinq projets d'EPR lancés dans le monde - à Flamanville (France), à Olkiluoto (Finlande), à Hinkley Point (Royaume-uni) et deux à Taishan (Chine) - s'avèrent être de véritables fiascos industriels et financiers. Par exemple, le chantier entrepris en 2005 de l'EPR finlandais a connu de multiples retards et surcoûts. Normalement livré en 2009, il devrait l'être en 2019… Soit avec 10 ans de retard. Et le coût du projet, estimé autour de 3 milliards d'euros devrait plutôt avoisiner les 10 milliards d'euros. Le chantier de Flamanville a, lui, rencontré des déboires similaires. EDF prévoit de le démarrer fin 2019, pour une mise en service commerciale en 2020, contre 2012 initialement. De la même manière, le coût du projet a plus que triplé, passant de 3 milliards à 10,9 milliards d'euros. Face à ces réalités, des élus, des organisations écologistes et des acteurs des énergies renouvelables jugent prématuré voire contraire à la transition énergétique de construire de nouveaux réacteurs en France.
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Toutefois, EDF, qui travaille depuis plusieurs années sur des EPR simplifiés, moins chers et moins long à construire, demande de longue date que l'État lance le processus pour déployer de nouveaux réacteurs afin de remplacer une partie des 58 réacteurs du parc français qui vont progressivement devoir fermer, atteints par la limite d'âge. Il souhaite même mettre en service une première centrale de ce type autour de 2030. Mais si la stratégie du gouvernement se confirme, et étant donné les délais de préparation technique et réglementaire, un tel calendrier semble peu probable. Si une série de nouveaux EPR était lancée, le groupe estime pouvoir atteindre une fourchette de coût située entre 60 et 70 euros/mégawattheure, affirmait son PDG Jean-Bernard Lévy lors d'une audition en avril à l'Assemblée nationale, soit exactement la cible visée par le gouvernement dans son document.
«La sagesse recommande déjà d'attendre que l'EPR de Flamanville soit achevé»
Durant l'été, le journal Les Échos avait dévoilé un rapport commandé par les ministères de l'Énergie et de l'Économie, et rédigé par deux acteurs historiques du nucléaire, qui recommandait de lancer la construction de six EPR, avec un premier chantier dès 2025. Mais plusieurs membres du gouvernement avaient à l'époque temporisé, à l'image du ministre de l'Économie Bruno Le Maire. «La sagesse recommande déjà d'attendre que l'EPR de Flamanville soit achevé avant de prendre des décisions», avait-il affirmé. À la Transition écologique et solidaire, François de Rugy a estimé lui aussi «qu'il faudrait déjà qu'EDF fasse la démonstration que l'EPR fonctionne, ce qui n'est pas encore le cas».
Une chose est sûre: le gouvernement n'abandonnera pas le nucléaire. En plus des nouveaux EPR, le document de travail évoque aussi des projets de recherche pour mettre au point des petits réacteurs («small modular reactor») ou pour étudier la prolongation de la durée de vie du parc existant, mais ne mentionne aucune fermeture de réacteur. Axé sur les solutions technologiques «made in France» d'avenir pour l'énergie, il se penche toutefois sur les énergies renouvelables, le stockage, la mobilité, le bâtiment ou encore l'hydrogène. En matière d'énergies renouvelables, il fixe des objectifs précis et ambitieux en termes de réduction des coûts du solaire, qu'il veut voir associé à des dispositifs de stockage d'électricité. En revanche, sur l'éolien en mer flottant, il n'évoque pas d'appels d'offres commerciaux à court terme, contrairement aux attentes de la filière. Enfin, revenant sur l'ambition de construire une filière européenne des batteries, le gouvernement veut décider avant fin 2019 «s'il est encore possible de construire» une usine en Europe d'ici 2022.
Tous ces arbitrages devraient être officialisés lors de la présentation de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) qui devrait intervenir à la mi-novembre.
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