La chute des indices de ces derniers jours sur toutes les places boursières mondiales a surpris par son intensité: -7% pour l’indice CAC 40 sur les sept dernières séances de Bourse, presque autant pour l’indice Dow Jones. C’est la plus forte correction boursière depuis celle de février 2018. Le rebond intervenu ce matin à Europe est de bon augure, mais il paraît bien pâle par rapport à l’étendue des dégâts intervenus sur toutes les places boursières mondiales.
Cette correction intervient dans un contexte de doutes sur la solidité de l’économie mondiale, après la révision à la baisse par le FMI des perspectives de croissance 2018 et 2019. Ce ralentissement n’est pas étranger au climat de guerre commerciale déclenché par le président américain Donald Trump. Les menaces de mise en place de nouvelles taxes sur les importations chinoises inquiètent le marché. Elles risquent de peser sur la croissance de l’empire du Milieu qui tire l’activité mondiale à la hausse, surtout dans les pays émergents et en Europe.
Pour ne rien arranger, Donald Trump a ouvertement critiqué la politique actuelle de relèvement des taux d’intérêt menée par la Réserve fédérale des États-Unis. Le président américain n’a pas hésité à déclarer que la Fed était «tombée sur la tête», l’accusant même d’être à l’origine de la dégringolade de Wall Street mercredi. Ce type de déclaration contraire à tous les usages d’indépendance de la banque centrale a contribué à alimenter la panique à Wall Street.
La situation est tendue, mais Frédéric Rollin, stratégiste chez Pictet AM, estime que «l’ampleur de la correction doit être relativisée». Elle intervient après une décennie de hausse quasi interrompue des marchés d’actions et «met Wall Street à l’abri d’une surchauffe avec des niveaux de valorisation des actions déjà élevés de 17 fois les profits attendus pour l’année en cours». Pour ce spécialiste des marchés financier, le coup d’arrêt donné à la hausse du Dow Jones pourrait être le signal d’un retour en grâce des actions européennes, qui ont accumulé un important retard vis-à-vis des valeurs cotées à New York.
Une certaine méfiance semble en effet de manifester à l’égard de Wall Street. La hausse des rendements obligataires à 3,20% aux États-Unis constitue désormais une concurrence redoutable pour le placement en actions. Les attentes bénéficiaires ont également été fortement revues à la baisse des derniers temps à Wall Street. D’une progression attendue des bénéfices des sociétés de l’indice S&P500 à 10% fin juillet, les prévisions sont aujourd’hui tombées à 8,2%. En Europe elles s’établissent à 9%.
Une défiance est en train de s’installer vis-à-vis du creusement des déficits commerciaux et surtout budgétaires aux États-Unis. Perte de confiance aussi sur la capacité de Donald Trump à redresser la barre. Tout ceci pourrait aussi peser sur le dollar. L’euro frôle d’ailleurs les 1,16 face au dollar.
Le sentiment des experts du Figaro Bourse: historiquement les valeurs américaines surperforment toujours l’Europe, en raison de l’existence d’un gros différentiel de croissance et d’une meilleure capacité des autorités monétaires à gérer les crises. Toutefois, après dix ans de très forte surperformance de Wall Street, il n’est pas impossible que les valeurs européennes reprennent ponctuellement l’avantage. Pour cela, il faudrait que les dissensions apparues entre la gestion des déficits budgétaires dans la zone euro trouvent une solution rapide. Sans retour à la confiance en Europe, les places boursières de la zone euro auront du mal à durablement attirer de nouveaux capitaux. Notre sentiment est que la correction n’est pas totalement terminée. Nous préférons attendre encore un peu avant de revenir à l’achat.
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