
VIDÉO - Selon le Canard Enchaîné, 8000 tonnes de lait pour adultes produits dans l'usine de Craon auraient été commercialisées malgré une possible contamination aux salmonelles. L'Association des familles de victimes dénonce un scandale mené avec la complicité de l'État.
Y aura-t-il un second scandale Lactalis? Selon des informations révélées ce mercredi par le Canard Enchaîné et l'Association des Familles Victimes du Lait Contaminé aux Salmonelles (AFVLCS), le groupe laitier aurait continué de vendre du lait en poudre pour adultes produit dans l'usine de Craon l'hiver dernier, au beau milieu de l'affaire des nourrissons contaminés, et ce malgré les soupçons d'infection.
En décembre 2017, alors que Bruno Le Maire annonce avoir demandé le retrait et le rappel de tous les «laits en poudre infantiles fabriqués depuis dix mois» à l'usine Lactalis de Craon, 8000 tonnes de lait en poudre destinée «aux préparations industrielles» pour adultes (dont des flancs et des desserts) seraient restés intouchées par les services de l'Etat, et auraient été vendues par l'entreprise. Pourtant, la poudre, «fabriquée dans les mêmes tours de séchage» que celle contaminée, ne peut être «vierge de tout soupçon de contamination», explique au Figaro le président de l'AFVLCS, Quentin Guillemain.
Le Canard Enchaîné rapporte également les propos d'un fonctionnaire de Bercy, qui explique avoir été «surpris» par la décision de l'Etat de laisser vendre et consommer la poudre destinée aux adultes: «on ne savait pas si la tour produisant le lait pour les adultes était, elle aussi, contaminée». La source, anonyme, regrette ainsi un «risque inutile pour la santé publique».
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Contactés par l'hebdomadaire, les services du ministère de l'Economie, qui gérait l'affaire Lactalis, expliquent «qu'il n'y avait aucun danger», Lactalis ayant «garanti l'innocuité de sa poudre» à Bercy. Pour Quentin Guillemain, Bercy a cependant fait preuve de naïveté face à la situation: «il serait temps que l'Etat prenne son rôle au sérieux, on voit bien qu'on ne peut pas faire confiance à Lactalis. Le groupe privilégie son activité économique à l'intérêt général, sans quoi il aurait détruit ces laits présentant un risque de contamination».
De son côté, le géant mondial du lait a répondu aux journalistes du Canard qu'il ne voyait pas l'intérêt «de revenir sur cette histoire alors que l'usine vient de redémarrer». Le groupe explique avoir réalisé pour «12 millions de travaux pour assainir le site». Quelques heures plus tard, cependant, le directeur de la communication de Lactalis, Michel Nalet, a changé de stratégie, en expliquant attendre «d'avoir pris connaissance de l'ensemble de ces accusations» avant de réagir. L'entreprise promet d'apporter une réponse au plus vite, après avoir «analyser le sujet». Contacté par Le Figaro, le groupe n'a pas encore répondu à nos sollicitations.
«On ne peut pas faire confiance à Lactalis!»
Selon Quentin Guillemain, Lactalis et l'Etat étaient «clairement au courant» du risque sanitaire. «Les laits en question étaient produits dans les mêmes tours de séchage et dans la même usine que celui contaminé. Pourquoi Bercy n'a-t-il donc pas exigé le rappel des produits?», s'interroge-t-il. L'association demande aux acteurs incriminés de «lui répondre», et se plaint de leur mutisme: «Lactalis nous fait le même coup que l'an dernier: ils se murent dans le silence, alors que nous aimerions un dialogue avec eux. Nous n'avons jamais rencontré leurs officiels, de même que l'Etat ne nous a jamais reçus!», ajoute le jeune trentenaire, qui fait «confiance à la justice» française, et espérer que les nouveaux éléments versés au dossier judiciaire conduiront à une enquête poussée.
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Cette affaire survient alors que Lactalis espérait pouvoir enfin reprendre des activités normales. Après dix mois, l'usine de Craon avait pu obtenir à nouveau l'autorisation de vendre son lait infantile, en septembre dernier. Bercy justifiait sa décision par la mise en œuvre d'un «plan d'autocontrôle renforcé sur les produits et l'environnement afin de valider son nouveau plan de maîtrise des risques sanitaires». Le site avait donc reçu un «feu vert immédiat» des services de l'Etat. Le porte-parole du groupe avait alors salué une «étape importante», et avait mis en avant les importants travaux réalisés sur place. La décision de l'Etat avait toutefois suscité la colère des associations de défense des consommateurs. L'AFVLCS avait dénoncé «l'opacité» de l'affaire, et les familles membres avaient promis de «nombreuses actions coup de poing à travers la France».
Mi-octobre, l'enquête a été confiée à un juge d'instruction, chargé de poursuivre les recherches sur les origines de la contamination, ce que Quentin Guillemain a qualifié d'«excellente nouvelle» qui permettra de «faire reconnaître les responsabilités de tous». Michel Nalet a déclaré que le groupe collaborerait «bien entendu avec la justice».
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