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Reste à charge zéro: les retraités seront-ils les grands perdants?

D'après une étude du courtier d'assurance en ligne Santiane.fr, la mesure du gouvernement va pousser les mutuelles à augmenter leurs prix, alourdissant considérablement le coût des complémentaires santé.

Alors que débute aujourd'hui l'examen de la réforme du reste à charge zéro à l'Assemblée, dans le cadre du budget de la Sécurité sociale (PLFSS), une étude présentée par le cabinet Santiane met en exergue le risque de forte hausse des coûts des complémentaires santé. Annoncé par le gouvernement en juin, le «reste à charge zéro» permet de rembourser intégralement certaines prothèses dentaires, auditives et lunettes. Il proposera des offres d'entrée de gamme à tous les Français dotés d'une complémentaire santé. Présentée par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, comme un «tournant historique» pour la Sécurité sociale, cette mesure doit entrer progressivement en vigueur entre 2019 et 2021.

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Pourtant, depuis l'annonce de cette réforme, professionnels comme experts du secteur tirent la sonnette d'alarme sur l'impact du reste à charge zéro sur les cotisations des assurés. En effet, pour protéger leurs marges, entamées par la hausse des remboursements induite par la réforme, les assureurs pourraient augmenter leurs tarifs, répercutant une partie du coût sur les assurés. La facture pourrait ainsi se révéler particulièrement salée. Selon Santiane, entre 2018 et 2021, «les remboursements vont augmenter de l'ordre de 7%» en moyenne. Le cabinet souligne également la «forte disparité» en fonction de l'âge des assurés: ainsi, un étudiant pourrait voir ses primes mensuelles augmenter de 2,5%, de même qu'une famille avec deux enfants ou un couple d'actifs avec un enfant. La prime mensuelle pour un jeune passerait ainsi de 30 euros à 30,75 euros, tandis que celle pour une famille avec deux enfants augmenterait de 3,5 euros.

Non-négligeable, cette hausse n'est pourtant pas la plus importante. Santiane affirme que les assurés les plus concernés par les trois secteurs inclus dans le reste à charge zéro - optique, audioprothèses et prothèses dentaires - seront les plus touchés par la hausse. Autrement dit, le coup de massue sera encore plus rude pour les retraités. Ces derniers verraient leur facture gonfler de 9,4%: un «couple de retraités qui paie 170 euros par mois pour sa complémentaire santé individuelle verrait sa facturer annuelle bondir de 192 euros», analyse le directeur technique du cabinet, cité par nos confrères du Parisien.

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En mai dernier, le cabinet de conseil en ressources humaines Mercer estimait déjà que «si l'ambition du gouvernement de réduire au maximum le reste à charge pour les Français est louable, celle-ci se heurtera très probablement à une réalité économique implacable» menant à une hausse de 1,6% à 8,9% des cotisations selon les contrats. Pour le PDG de Santiane, Pierre-Alain de Malleray, cette augmentation n'est en rien surprenante. «Penser qu'une telle transformation se ferait à cotisation inchangée pour les ménages relève de l'utopie pure, personne n'y croit. La chose s'explique simplement: si vous mettez à la charge des mutuelles des dépenses supplémentaires, celles-ci augmenteront leurs prix pour les couvrir». Le gouvernement peut dès lors «demander au marché de ne pas augmenter ses prix», mais cette requête peut rester lettre morte. Le dirigeant de Santiane conseille aux assurés de se préparer à cette réforme en «regardant attentivement les offres: il y a plus de 500 mutuelles en France, et les clients peuvent les comparer pour sélectionner la meilleure, la plus adaptée à leur cas plutôt que d'absorber le coût supplémentaire sans broncher».

«Pas un marché de dupes»

Les conclusions de Santiane viennent confirmer les inquiétudes exprimées par les assurés eux-mêmes. Selon un sondage QualiQuanti pour le cabinet de conseil Opus Line, publié mi-octobre, près de 9 Français sur 10 pensent que la réforme «va faire augmenter le tarif de leur complémentaire santé». Seul un Français sur cinq estimait que cette hausse serait «justifiée».

Pourtant, depuis plusieurs mois, le gouvernement tente de rassurer en répétant à l'envi que la hausse des frais ne sera pas répercutée sur les assurés. Lors du 42ème congrès de la Mutualité française, Emmanuel Macron avait promis que cette réforme ne serait pas un «marché de dupes», et qu'elle ne se traduirait pas par une hausse des cotisations. Plus tôt, Agnès Buzyn avait prévenu les professionnels que le reste à charge ne devrait «pas peser sur les tarifs des complémentaires au-delà de l'évolution tendancielle observée».

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Les autorités voyaient même dans cette réforme un moyen d'atténuer les effets de la hausse de la CSG, effective depuis le début de l'année. Interrogée ce matin sur RTL quant aux mesures pour les retraités, la députée Amélie de Montchalin a ainsi répondu que le gouvernement s'occupait des «questions quotidiennes» des seniors et améliorait leur pouvoir d'achat avec des réformes comme la suppression de la taxe d'habitation ou le reste à charge zéro. Dans un entretien accordé aux Echos ce mardi, la ministre de la Santé défend également l'effet bénéfique de la décision du gouvernement pour «les retraités modestes». L'enjeu est d'autant plus important qu'une enquête CSA pour Cofidis a récemment révélé que trois Français sur dix renonçaient à se soigner faute de moyens financiers suffisants.

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