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Y aurait-il de l’Akechi Mitsuhide chez le président exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa ? Le général Akechi (1528-1582) occupe une place peu enviée dans l’histoire du Japon : celle de l’auteur d’une des plus fameuses trahisons du pays. Lors de l’incident dit « du Honno-ji », du 21 juin 1582, il a poussé au suicide Oda Nobunaga (1534-1582), habile seigneur ayant œuvré à l’unification de l’Archipel et alors au fait de sa puissance. Pour des raisons qui restent discutées, le général Akechi, pourtant proche d’Oda, l’a trahi en lançant ses forces contre lui, alors qu’il séjournait au Honno-ji, un temple de Kyoto.
Les temps ont changé, et ce n’est pas avec des sabres que M. Saikawa s’en est pris à celui qui fut son mentor, le déchu Carlos Ghosn. « Je ressens une profonde déception, une frustration, un désespoir, une indignation et de la colère », a-t-il déclaré, lors de la conférence de presse, donnée dans la soirée du lundi 19 novembre, après l’arrestation de M. Ghosn pour fraude fiscale présumée.

Cheveu ras, costume anthracite et lunettes sans monture, le directeur exécutif du deuxième constructeur automobile japonais a joué la sobriété vestimentaire, mais pas verbale, dénonçant un système où tous les pouvoirs étaient concentrés entre les mains d’un seul homme. Le tout, en minimisant les mérites de M. Ghosn. « Il a fait ce que beaucoup n’ont pas su faire, surtout au début. Il a mené d’importantes réformes. Il faut l’admettre. Mais, après, il y a des hauts et des bas. »
Ces propos peuvent surprendre. En 2017, Carlos Ghosn a fait de M. Saikawa son héritier. Ce choix marquait l’apogée d’une carrière entièrement passée au sein du constructeur. Né en 1953, il a rejoint Nissan en 1977, dès son diplôme de la prestigieuse université de Tokyo en poche.
Premier des « yes men »
Depuis 1999 et l’arrivée de M. Ghosn à la tête du constructeur nippon tout juste repris par Renault, il est passé par différents postes de direction. Choyé par M. Ghosn, il a notamment été chargé des marchés américain et européen, responsable des acquisitions, un poste stratégique pour le dirigeant français… Depuis qu’il a pris la direction générale de Nissan, il préside aussi l’Association japonaise des constructeurs d’automobiles.
Celui qui avait la réputation de premier des « yes men » (béni-oui-oui) au service de Carlos Ghosn a montré un attachement sans faille à la marque Nissan. Il l’a prouvé lors des négociations tendues en 2015 avec le gouvernement français. Siégeant au conseil d’administration de Renault depuis 2006, il s’était opposé à la montée en puissance de l’Etat français dans le capital de la marque au losange, allant jusqu’à menacer d’augmenter la participation de Nissan dans le constructeur hexagonal. Il a arraché la promesse du gouvernement français de ne pas se mêler de la gestion de Nissan.
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