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Renault-Nissan : les 24 heures qui ont scellé le sort de Carlos Ghosn

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Le patron de Nissan, Hiroto Saikawa, à l’issue d’une conférence de presse à Yokohama, près de Tokyo, le 19 novembre.
Le patron de Nissan, Hiroto Saikawa, à l’issue d’une conférence de presse à Yokohama, près de Tokyo, le 19 novembre. AP

A Tokyo, comme à Paris, le temps de la disgrâce. « Carlos Ghosn n’est plus en état de diriger Renault », a déclaré Bruno Le Maire, mardi 20 novembre, sur Franceinfo. Le ministre de l’économie a indiqué qu’il allait demander au conseil d’administration de la firme au losange de nommer rapidement une nouvelle direction intérimaire à la tête du constructeur pour remplacer son PDG, soupçonné de fraude fiscale et de diverses malversations au Japon. « Pour l’instant, nous ne disposons d’aucune preuve », précise cependant M. Le Maire, qui a prévu d’obtenir du gouvernement nippon les éléments du dossier d’accusation visant le président de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.

Lundi 19 novembre, Carlos Ghosn atterrit au Japon à l’aéroport international Haneda de Tokyo, avant de rejoindre son bureau de Yokohama, au sud de la capitale. Son agenda est rempli, mais rien ne va se passer comme prévu. A la sortie du jet Gulfstream G650 de Nissan, le patron est attendu par la police. De loin, une caméra filme la scène. M. Ghosn est, dans la foulée, conduit dans les bureaux du procureur public de Tokyo.

Avec l’un de ses bras droit à Nissan, Greg Kelly, le directeur délégué, M. Ghosn est mis en examen pour abus de bien social, malversations financières et fraude fiscale. Sous le régime de la garde à vue, il peut rester incarcéré jusqu’à vingt-trois jours.

« Déception, frustration, désespoir, indignation et colère »

Au Japon, l’Asahi Shimbun publie l’information en fin d’après-midi (9 h 25, heure de Paris). Le patron du premier constructeur mondial (10,6 millions de véhicules produits et 122 usines dans le monde) est en train d’être interrogé. L’homme qui a sauvé Nissan, au bord du gouffre en 1999, est, dix-neuf ans plus tard, voué aux gémonies. Tant au Japon qu’en France, c’est un vrai coup de tonnerre. En Bourse, Nissan et Renault, son premier actionnaire, s’effondrent de près de 10 % à Paris et à Francfort.

A 22 heures, à Tokyo, Hiroto Saikawa, promu directeur général début 2017 par son mentor Carlos Ghosn, qui conserve le poste de président non exécutif, convoque une conférence de presse inédite au siège de Nissan, à Yokohama. L’exercice va ajouter à la sidération. Dans une salle aux murs blancs immaculés, le patron japonais se présente seul, une rareté pour une telle affaire. Ses traits sont calmes. Il paraît détendu, mais surtout déterminé. « Je ressens une profonde déception, une frustration, un désespoir, une indignation et de la colère », explique-t-il devant un parterre effaré.

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