
La polémique a éclaté au grand jour. Au lendemain de la révélation du projet de Bercy de rendre éligibles à la vignette Crit'Air 1 les véhicules diesel les plus récents , les ministres concernés se sont opposés publiquement jeudi sur le sujet. « Le ministère de l'Ecologie est contre, ça n'aura pas lieu », a affirmé Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, au micro de RTL.
« Il faut que ce soit une question scientifique, pas une décision industrielle. L'urgence, c'est celle du changement climatique », a-t-elle insisté. Même discours sur Sud Radio, de la ministre des Transports, Elisabeth Borne : « La vignette Crit'Air est réservée aux véhicules les moins polluants, le diesel émet des particules, ça émet également des dioxydes d'azote qui sont très mauvais pour la santé », a-t-elle répondu.
Soutien à une filière en danger
De son côté, animé par un souci de soutien à une filière industrielle en danger , le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a plaidé pour la neutralité technologie. « La vignette Crit'Air 1 définit un certain nombre de critères sur les rejets de polluants. Les véhicules qui respectent rigoureusement et strictement ces critères doivent pouvoir bénéficier de cette vignette. Quelle que soit leur motorisation ! », a-t-il insisté, en marge du salon des Entrepreneurs.
Cette question de la neutralité technologique est au coeur de l'argumentation des constructeurs, qui se battent contre le « diesel bashing ». Selon eux, les véhicules diesel les plus récents, équipés de systèmes de dépollution (comme les filtres à particule ou les systèmes SCR) n'émettent pas plus de particules fines et d'oxydes d'azote (NOx) que les moteurs à essence. Le dieselgate, ainsi que des mesures effectuées par des associations environnementales , ont néanmoins montré que les émissions polluantes affichées n'étaient pas toujours conformes à la réalité, ou aux conditions réelles de conduite.
Nouvelles normes plus sévères
Mais depuis le 1er septembre, Bruxelles a mis en place de nouvelles normes plus sévères, avec des mesures d'émissions en conditions réelles de conduite. L'Association des constructeurs européens (ACEA), qui a compilé en novembre dernier les données de 270 véhicules diesel homologués selon les normes les plus sévères (Euro 6d-Temp), a montré que 87 % d'entre eux émettaient moins de 60 mg de NOx par kilomètre exigés par la vignette Crit'Air 1.
Le débat est loin d'être clos. Selon nos informations, les discussions vont se poursuivre. Bercy va devoir convaincre que cette neutralité technologique est bien réelle -la tâche sera d'autant plus compliquée que la crédibilité des constructeurs a été entachée par le dieselgate. Emmanuelle Wargon elle-même a reconnu que « le jour où on démontre que ces véhicules apportent toutes les garanties en matière de lutte contre la pollution [...], la décision s'imposera scientifiquement ».
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