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La Chine, dernier espoir de l'Airbus A380 - Les Échos

Les hasards du calendrier sont parfois cruels. Alors que le Boeing 747 célébrera dans quelques jours ses 50 ans d'exploitation, l'Airbus A380 pourrait ne pas fêter son 12e anniversaire. La remise en cause par Emirates d'une commande de vingt A380 (et de 16 options) pourrait en effet sonner l'arrêt prématuré de la production du très gros porteur européen, dont la compagnie de Dubaï est de loin le premier client avec 109 appareils dans sa flotte sur les 232 en service dans le monde.

Commandes fantômes

Si cette commande, signée en janvier 2018, était annulée, il ne resterait plus à Airbus que 33 A380 à livrer à Emirates, plus trois autres pour All Nippon. Toutes les autres commandes encore en portefeuille sont en effet des commandes dont les clients ne veulent plus, mais qui n'ont pas encore été rayées du carnet de commandes pour des raisons juridiques.

Ces 36 commandes restantes représentent un peu plus de quatre ans de travail au rythme actuel (de 6 à 8 avions à l'année). Sachant qu'Airbus doit passer commande à ses fournisseurs au minimum 18 mois à l'avance, l'avionneur n'a véritablement que deux ans de visibilité.

Dans l'intérêt d'Airbus

C'est loin d'être la première fois que l'A380 est menacé d'une fin prématurée. En 2015 et en 2018, son avenir était déjà suspendu à la signature d'une nouvelle commande d'Emirates. Mais la menace n'a jamais été aussi grande. Non seulement Airbus a confirmé être en renégociation avec Emirates (qui doit réduire ses coûts et ralentir sa croissance), mais l'objet de ces négociations serait non pas de sauver la commande d'A380, mais plutôt de la transformer en commandes d'A350 et d'A330neo.

Ce qui pourrait être au passage dans l'intérêt économique à court terme au moins d'Airbus. Livrer des A350 et des A330neo serait en effet beaucoup plus rentable que de vendre des A380 à perte. Malgré les efforts d'Airbus pour réduire le coût de production de l'A380, le point d'équilibre avoisine les 15-20 appareils par an, et le ralentissement des livraisons a fait repasser le programme dans le rouge. Dans l'esprit d'Airbus, cette situation se justifie seulement sans l'attente de nouvelles commandes.

Celles-ci pourraient venir d'outre-Manche. Jeudi, le grand patron d'IAG, Willie Walsh, qui préside aux destinées de British Airways, Iberia, Vueling, Aer Lingus et Level, a confirmé son intérêt pour l'avion - British Airways en exploite déjà 12, et doit bientôt remplacer des vieux Boeing 777. Mais le dirigeant a remis le problème du prix sur la table. « Nous avons dit à Airbus que nous serions disposés à en commander davantage, à condition qu'ils nous proposent un bon prix, ce qu'ils n'ont pas été en mesure de faire jusqu'à présent. Airbus doit se monter plus agressif commercialement », a-t-il expliqué, lors d'une conférence de presse à Londres.

Espoir en Chine

En somme, le seul salut durable de l'A380 serait une grosse commande chinoise. D'après Airbus, les compagnies chinoises pourraient avoir l'usage d'une soixantaine d'A380, même si leur développement est actuellement réduit par la pénurie de créneaux utiles disponibles dans les grands aéroports chinois. La possibilité d'une commande chinoise d'A380 avait même été évoquée, il y a un an, par Emmanuel Macron, lors d'un voyage officiel en Chine. Airbus aurait par ailleurs fait miroiter aux Chinois l'implantation d'une usine d'aménagements intérieurs d'A380. En vain pour le moment.

L'avionneur européen pourra-t-il attendre davantage ? Faute de certitude, le conseil d'administration d'Airbus et l'actuel patron du groupe, Tom Enders, pourraient être tentés de régler définitivement le problème de l'A380, afin de laisser en avril, au nouveau patron d'Airbus, Guillaume Faury, une situation assainie. D'autant que les deux motoristes de l'appareil, GE et Rolls-Royce ne semblent pas avoir l'intention de voler au secours de l'A380. C'est d'ailleurs faute de s'être mis d'accord avec Rolls-Royce sur les performances attendues de ses moteurs qu'Emirates a commencé à remettre en cause sa commande.

Trancher la question n'est cependant pas si évident. En lâchant l'A380, Airbus se débarrasserait ainsi d'un foyer de pertes mais laisserait aussi pour l'instant à  Boeing un monopole sur les très gros porteurs de plus de 400 places avec la version de son futur 777X .

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