En langage boursier, c’est un terrible vote de défiance adressé à la direction. Et un événement inouï pour un grand groupe allemand. Les actionnaires du chimiste Bayer, rassemblés en assemblée générale vendredi 26 avril au palais des congrès de Bonn (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), ont refusé de donner quitus au directoire du groupe pour l’année 2018 mais l’ont accordé au conseil de surveillance. Ce vote, historique, est un bouleversement majeur pour Bayer : il consacre le divorce entre le management du groupe et ses actionnaires, qui ont exprimé avec force leur rejet de la fusion avec le semencier américain Monsanto.
L’avenir de Werner Baumann à la tête du groupe est très incertain. Jamais un patron du DAX, l’indice boursier de référence, n’avait eu à subir une telle humiliation. Toute l’après-midi et jusque tard dans la soirée, les 3 600 actionnaires de Bayer présents ont multiplié les critiques sans concession contre la stratégie du président du directoire, accusé d’avoir sous-estimé les risques de la fusion. Vers 22 h 30, plus de douze heures après le début de la réunion, s’est finalement tenu le vote fatidique : 55 % ont voté contre le quitus au directoire, 44,5 % pour, les autres se sont abstenus.
La seule logique industrielle insuffisante
Le conseil de surveillance, qui avait fortement soutenu le projet de fusion, s’en sort avec un résultat moins humiliant, mais tout de même désastreux : 66,4 % des actionnaires ont voté le quitus, 33 % contre. Si ces résultats n’ont pas de valeur juridique obligatoire sur le mandat des membres du directoire, ils constituent un avertissement sans précédent. Le président du conseil de surveillance, Werner Wenning, a annoncé dans la nuit qu’il maintenait sa confiance au directoire et à sa stratégie, même s’il prenait l’avertissement des actionnaires « très au sérieux ».
Les deux dirigeants s’attendaient à une assemblée générale difficile. Les deux jugements négatifs rendus aux Etats-Unis dans des affaires liées au glyphosate par des jurys populaires ont fait perdre à Bayer 38 % de sa valeur boursière. Les dirigeants du groupe tablaient sur les perspectives de croissance, les bons chiffres du premier trimestre présentés la veille et les généreux dividendes (2,80 euros par action, soit 2,6 milliards d’euros au total) pour emporter le vote des actionnaires. Ils ont aussi fait certifier par deux experts indépendants qu’ils avaient suffisamment mesuré les risques liés au glyphosate avant de s’engager dans le rachat de Monsanto.
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