Officiellement, rien n'est à l'ordre du jour. Dans les conférences de presse, les dirigeants de l'alliance écartent toutes les questions sur les futurs contours capitalistiques du partenariat entre Renault, Nissan et Mitsubishi Motors . Pourtant, en coulisses, à Paris et à Tokyo, les travaux de réflexion sur une architecture potentiellement acceptable par tous ont considérablement accéléré ces derniers jours.
Selon nos informations, les banquiers de SMBC Nikko, mandatés par Renault, ont tracé les grandes lignes d'une nouvelle organisation qui permettrait d'inscrire dans le temps long une alliance équilibrée « entre égaux », comme le réclamait notamment Nissan par la voix de son PDG Hiroto Saikawa et comme l'a évoqué Jean Dominique Senard, le nouveau président de Renault . Les conseils suggèrent ainsi l'établissement d'un holding qui chapeauterait désormais les groupes Renault et Nissan.
Les titres des deux constructeurs seraient « délistés » et les actionnaires se verraient remettre des actions du nouveau holding Renault Nissan dans un rapport valorisant au même niveau les deux entreprises. La capitalisation de Renault, hors les titres détenus par Nissan, étant aujourd'hui très similaire à la capitalisation du constructeur japonais, hors les titres détenus par son partenaire. Pour rappel, Renault détient 43 % de Nissan qui détient 15 % de Renault.
Deux identités propres
Afin de ne frustrer aucun des deux groupes, le holding ne serait établi ni en France, ni au Japon mais dans un pays tiers, éventuellement en Asie. Les titres du holding seraient rapidement introduits, dans une procédure de double cotation, sur les places de Paris et Tokyo, pour ne pas troubler leurs actionnaires originels.
Il ne s'agit aucunement de fusionner les entités
S'ils ne sont plus côtés, les groupes Renault et Nissan conserveraient tout de même leurs identités, leurs équipes propres emmenées par leurs PDG respectifs, et également leurs sièges actuels. « Il ne s'agit aucunement de fusionner les entités qui restent chacune en charge de leurs opérations », précise un proche du dossier. « Mais le holding serait en charge de la supervision et permettrait d'intégrer à son niveau certaines fonctions communes, notamment financières, et d'accélérer les synergies ».
Tokyo mitigé
Les deux constructeurs nommeraient, chacun, un même nombre de directeurs au sein du nouveau conseil d'administration du holding. Celui-ci devra également accueillir une majorité de directeurs indépendants. Ce conseil désignera un président du holding et validera un comité exécutif, qui se penchera sur les grandes pistes stratégiques.
Ces derniers jours l'équipe de SMBC Nikko a essayé de tester son idée auprès des deux constructeurs et des autorités des deux pays. Si le cadre du projet séduit plutôt Renault, pensant toutefois à des ajustements, et semble jugé acceptable par l'Etat français, qui se retrouverait actionnaire à hauteur de 7,5 % du nouveau holding, il est accueilli avec un peu moins d'enthousiasme par le ministère de l'Industrie japonais (METI). « Les avis sont partagés mais il n'y a pas de non catégorique », souffle-t-on à Tokyo.
Quid de Mitsubishi
Etonnamment, l'état-major de Nissan n'aurait, pour l'instant, pas accepté de se faire présenter le concept par SMBC Nikko. Plusieurs propositions de rencontres ont même été refusées depuis mercredi, à la colère du clan français, qui estime ne pas pouvoir aller beaucoup plus loin niveau concession. « Ce n'est pourtant qu'un point de départ et pas un point d'arrivée », regrette l'un des négociateurs, admettant que de nombreux ajustements devront être faits. Les deux gouvernements devraient notamment demander des garanties en termes d'emplois pour leurs bases industrielles respectives. A Paris, on a en tête l'idée d'approfondir l'alliance d'ici la fin d'année ou le début de l'année prochaine.
A Tokyo, un analyste s'étonne par ailleurs de l'absence de Mitsubishi Motors dans ce projet de holding. « Il manque une roue au montage », pointe-t-il, avant de rappeler que le PDG du petit constructeur japonais, Osamu Masuko est membre du nouveau conseil de l'alliance aux côtés de Jean-Dominique Senard, Thierry Bolloré, le PDG de Renault, et Hiroto Saikawa. Les banquiers japonais réfléchiraient d'ailleurs déjà à un plan permettant à Mitsubishi Motors, aujourd'hui contrôlé à 34 % par Nissan, d'être intégré au holding.
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