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Suppression de postes chez General Electric : pourquoi élus et salariés en veulent-ils à Emmanuel Macron ? - franceinfo

Le géant américain a annoncé la suppression de plus de 1 000 emplois en France, dont la grande majorité à Belfort.

C'est un lourd plan social et une épine dans le pied d'Emmanuel Macron. Le géant américain General Electric a annoncé, mardi 28 mai, quelques jours après les élections européennes, envisager la suppression de plus de 1 000 postes en France. Dans le détail, le groupe américain, qui avait racheté en 2015 la branche énergie d'Alstom, envisage jusqu'à 792 suppressions de postes dans l'entité gaz et 252 dans celle dédiée aux fonctions supports, a précisé un porte-parole du groupe.

Emmanuel Macron a tenté de rassurer les salariés, mardi à Bruxelles, en les assurant de "la mobilisation de tout le gouvernement pour que toutes les solutions soient trouvées". Mais du côté des élus et des syndicats, l'amertume est grande envers le chef de l'Etat ; plusieurs responsables politiques sont montés au créneau mercredi pour dénoncer sa "responsabilité" dans ce dossier. Franceinfo vous explique pourquoi.

Parce que General Electric a racheté Alstom Energie quand il était ministre

Emmanuel Macron était ministre de l'Economie au moment du rachat de la branche énergie d'Alstom par General Electric et il avait donné son feu vert. Aujourd'hui, ce rachat est pointé du doigt, notamment par Jean-Pierre Chevènement, ancien maire de Belfort : "Il est apparu que cet accord soi-disant équilibré ne l'était pas. Il n'y avait pas égalité entre Alstom d'une part et General Electric de l'autre. Il y avait trois coentreprises où Alstom était en position minoritaire. Donc, il y a eu des erreurs à l'époque, a-t-il affirmé au micro de franceinfo.

La philosophie de l'accord, c'est tout pour les actionnaires, rien pour les salariés et haro sur ceux qui se retrouvent sur le carreau.Jean-Pierre Chevènementsur franceinfo

"Macron est le responsable direct de ce désastre", a fustigé pour sa part la nouvelle eurodéputée Manon Aubry, tandis que le député La France insoumise Eric Coquerel a pointé également une "catastrophe industrielle décidée par Macron".

La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a assuré de son côté ne pas croire que le choix de céder la branche énergie d'Alstom à General Electric, lorsque Emmanuel Macron était ministre de l'Economie, ait été "une erreur" : "A l'époque, il y avait une cohérence d'ensemble" et "on considérait que le marché mondial du gaz était encore suffisamment porteur pour avoir intérêt à réaliser cette vente". 

Avec Alstom, General Electric misait sur les énergies fossiles. Rétrospectivement, c'est un pari raté : il est intervenu en pleine chute des prix de l'électricité de gros et de l'effondrement des commandes des turbines parce que les énergies renouvelables étaient devenues compétitives. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a lui aussi tenu à rejeter tout lien entre les licenciements et cette vente organisée par Emmanuel Macron. Car les suppressions annoncées mardi ne concernent pas la branche énergie d'Alstom :

Les activités de turbines à gaz qui sont concernées sont depuis 1999 la propriété de General Electric.Bruno Le Maire

"Cela n'a donc rien à voir avec les décisions prises en 2015 par Emmanuel Macron", a-t-il conclu.

Parce qu'il a promis que General Electric allait créer des emplois en France

Après son rachat en 2015 de la branche énergie d'Alstom, General Electric s'était engagé à créer un millier d'emplois en France. Mais ces derniers n'ont jamais vu le jour. "A l'époque, Emmanuel Macron, qui était ministre de l'Economie, s'était engagé à soutenir l'emploi à Belfort, à être toujours présent aux côté des salariés", se souvient Damien Meslot, maire de Belfort. "Le ministre de l'Economie de l'époque était venu nous voir à Belfort pour nous dire, je cite : 'Belfort a un avenir industriel. Votre activité a une importance stratégique pour la France et sera donc défendue. Vous pouvez compter sur moi'", tient aussi à rappeler le député centriste Michel Zumkeller.

En contrepartie de l'engagement non tenu de 1 000 nouveaux emplois, le gouvernement "a imposé à General Electric de mettre en place un fonds de 50 millions d'euros de revitalisation industrielle" alimenté par le géant industriel américain, a rappelé Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, au micro de franceinfo"Ces 50 millions d'euros ne sont pas le seul effort que doit faire General Electric dans ce plan social. On attend d'eux d'aller beaucoup plus loin, d'être absolument exemplaire dans la façon de faire ce plan social", a-t-elle insisté. "Les engagements qui avaient été pris par General Electric devront être tenus", a lui aussi assuré Emmanuel Macron depuis Bruxelles. 

Parce que le timing de l'annonce des suppressions de postes interroge

"Nous savons que le président de la République a rencontré le président de General Electric, Larry Culp, qui lui a fait part d'un projet de plan de licenciements. Emmanuel Macron a demandé que ce plan soit annoncé après les élections européennes", prévenait déjà Damien Meslot, le maire de Belfort, au micro de franceinfo, dès le 21 mai, alors que le plan de licenciements n'était qu'une rumeur insistante.

Alors que les syndicats de General Electric alertent les autorités depuis des semaines sur ce plan social, l'annonce de ces suppressions de postes est effectivement tombée deux jours après le scrutin.

J'espère que le président de la République et le gouvernement mettront la même énergie à créer de nouvelles activités à Belfort qu'ils en ont mis pour déplacer l'annonce du plan, après les élections européennes.Damien Meslotsur BFMTV

La secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie a nié que l'Etat ait été mis au courant de ces suppressions d'emplois avant les élections européennes. "On n'était pas plus au courant que les personnes concernées", a soutenu Agnès Pannier-Runacher sur franceinfo.

Parce que le patron de General Electric en France est un ancien conseiller du président

Autre source d'amertume : c'est un ancien conseiller d'Emmanuel Macron qui est aujourd'hui à la tête de la branche française du géant américain. Hugh Bailey, qui a intégré le groupe en novembre 2017, avait été "conseiller sur les affaires industrielles et le financement à l'export au sein du cabinet du ministre de l'Economie", entre 2013 et 2016, lorsque Emmanuel Macron était à Bercy.

"Je rappelle quand même que le directeur de General Electric, c'est l'ancien conseiller d'Emmanuel Macron quand il était ministre de l'Economie", a ainsi fait valoir Michel Zumkeller, député UDI du territoire de Belfort. "Je pense qu'ils ont des liens forts."

"Hugh Bailey, négociateur de la vente d'Alstom à General Electric, est l'auteur de ce désastre industriel, annoncé 48 heures après les européennes ! Honteux ! Symbole d'une France corrompue !" a abondé Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste, sur Twitter.

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