On le connaissait grand industriel et patron à la fibre sociale développée ; les actionnaires de Renault l’ont découvert combatif et non dénué d’humour. « Je n’ai pas l’habitude d’être comme une moule, sympathique mais muette », s’est amusé Jean-Dominique Senard, en concluant son intervention, lors de sa première assemblée générale en tant que président du groupe au losange, qui s’est tenue mercredi 12 juin, à Paris.
L’Etat actionnaire, la gouvernance de Nissan, les médias… Tout le monde en a pris pour son grade dans un contexte exceptionnel, celui d’une crise latente provoquée par l’arrestation pour malversations financières de l’ex-PDG de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Carlos Ghosn, le 19 novembre 2018 au Japon.
Indiquant avec malice que c’était le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui lui avait « suggéré de prendre contact avec les dirigeants de FCA [Fiat Chrysler Automobiles] », le président de Renault s’est lancé dans un plaidoyer sur les avantages d’une potentielle union avec le groupe italo-américain. « Dans ma vie d’industriel, j’ai rarement vu une fusion qui pouvait apporter autant de synergies positives, et qui mettent en valeur, au passage, les plates-formes Renault », a-t-il déclaré.
« Nous avons été séduits par ce projet, a poursuivi M. Senard. A l’exception d’un vote contre, l’ensemble des membres du conseil l’ont approuvé avec enthousiasme et les représentants de Nissan s’étaient abstenus de façon très positive. Tout ceci ouvrait la voie à la validation de l’accord dans sa première étape. Malheureusement, les représentants de l’Etat ne partageaient pas cette analyse et le vote n’a pas pu avoir lieu, ce qui, je vous le dis franchement, me désole. »
Manifestement, Jean-Dominique Senard n’a pas apprécié l’attitude de son premier actionnaire, l’Etat, qui détient 15 % de Renault (avec droits de vote doubles). « C’était la première fois qu’il y avait la possibilité de créer un champion de l’industrie européenne, à l’époque où on passe son temps à se plaindre de leur manque d’existence », a-t-il glissé, évoquant clairement les déclarations fréquentes de M. Le Maire à ce sujet.
« On m’a fait passer pour un guerrier »
Ce dernier a réagi à ces propos sur France Info, jeudi 13 juin. S’il a confirmé être à l’origine de l’idée d’un rapprochement entre Renault et Fiat Chrysler, le ministre a souligné que sa stratégie avait toujours été prioritairement « le renforcement de l’alliance entre Renault et Nissan ». « Nous n’avons jamais mis de veto à la fusion, a insisté M. Le Maire. Nous avons demandé cinq jours supplémentaires et FCA a choisi de retirer son offre. » Le locataire de Bercy, qui devait recevoir Jean-Dominique Senard jeudi, a réaffirmé « son soutien et sa confiance » dans le président de Renault.
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