Search

Jean-Dominique Senard affaibli, Renault enlisé : le coût de la fusion ratée avec Fiat - Le Monde

Jean-Dominique Senard, le président de Renault, lors d’une conférence de presse au siège de Nissan, à  Yokohama, au Japon, le 11 mars.
Jean-Dominique Senard, le président de Renault, lors d’une conférence de presse au siège de Nissan, à  Yokohama, au Japon, le 11 mars. BEHROUZ MEHRI / AFP

Pendant tout l’après-midi du jeudi 6 juin, la rumeur a couru le monde parisien des affaires : « Jean-Dominique Senard va démissionner, c’est imminent », glissaient à l’oreille de leurs voisins, banquiers et communicants. Pendant ce temps, le président de Renault, répondait, impavide, à ses obligations en participant au conseil d’administration puis à l’assemblée générale de Saint-Gobain, dont il est aussi administrateur référent. Mais, dans sa tête, cela tournait forcément à cent à l’heure…

L’échec, la nuit précédente, du projet de fusion entre Renault et Fiat Chrysler Automobiles (FCA) commence à laisser des traces. Alors que le conseil d’administration du groupe au losange avait demandé un report de la décision d’accepter ou non une union à 50-50 avec FCA, John Elkann, le président du groupe italo-américain a subitement retiré son offre estimant que « les conditions politiques en France ne sont pas complètement réunies pour qu’un tel rapprochement puisse être mené à bien ».

Les spéculations sur une déstabilisation de M. Senard sont une première manifestation de ce qui menace d’être une crise rampante pour Renault. De fait, les deux tentatives successives pour relancer le groupe français lancées par celui qui est arrivé à la présidence de Renault seulement en janvier, se sont soldées par des revers. D’abord, le projet de resserrer fortement les liens capitalistiques avec son allié de vingt ans Nissan a été rejeté par le groupe japonais en avril. Et maintenant l’idée d’une fusion avec FCA est enterrée.

« Nuit des dupes »

Résultat, c’est un dirigeant à l’autorité affaiblie, qui présidera sa première assemblée générale mercredi 12 juin. L’épisode de cette « nuit des dupes » qui a abouti au retrait du projet de FCA laisse le sentiment que le pouvoir chez Renault est d’abord dans une sorte de duopole formé par l’Etat français, principal actionnaire de Renault, et les dirigeants de Nissan, épaulés par le gouvernement japonais.

Du côté de Bercy, un peu d’agacement s’est fait jour envers M. Senard dans la foulée de la rebuffade italienne : « Il a discuté avec FCA sans mettre Nissan au courant et il est revenu de Tokyo en interprétant de travers la position des Japonais. Cela n’a pas aidé », souligne une source proche du ministère de l’économie.

Mais l’Etat ne voudrait surtout pas ajouter une crise majeure de gouvernance à l’enlisement actuel. Dans une interview au Figaro parue vendredi 7 juin, Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, a assuré accorder sa confiance à M. Senard. L’Elysée lui a aussi fait passer le message qu’Emmanuel Macron comptait sur lui dans ces moments compliqués. De quoi rasséréner ce serviteur de l’industrie française meurtri par l’épisode.

Let's block ads! (Why?)

https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/07/jean-dominique-senard-affaibli-renault-enlise-le-cout-de-la-fusion-ratee-avec-fiat_5472925_3234.html

Bagikan Berita Ini

0 Response to "Jean-Dominique Senard affaibli, Renault enlisé : le coût de la fusion ratée avec Fiat - Le Monde"

Post a Comment

Powered by Blogger.