
Facebook a dévoilé les contours de libra, sa cryptomonnaie qui doit être mise en circulation en 2020. Interrogé sur ce sujet par Le Monde, Nick Clegg, l’ancien président du parti britannique Libéraux-démocrates et désormais responsable des affaires publiques de Facebook, réfute l’idée selon laquelle son entreprise prend, ce faisant, le rôle d’un Etat. Mais il assume que Facebook puisse, avec ce projet, bousculer le système bancaire actuel.
Est-ce qu’en lançant une monnaie Facebook se considère comme un Etat ?
Non. Mais avant de développer cette question, il faut mettre à plat les problèmes qu’une cryptomonnaie doit pouvoir résoudre. Nous avons dans le monde 1,7 milliard de personnes qui n’ont pas de compte en banque. Parmi elles, un milliard ont un smartphone. La plupart d’entre elles se situent dans les régions les plus pauvres du globe, et beaucoup dépendent de sommes d’argent envoyées par leurs familles ou des proches.
Toutes ces personnes sont, de fait, exclues du système bancaire actuel, qui est très coûteux, très bureaucratique et très fermé. Si ces personnes pouvaient avoir accès à une monnaie stable, directement gérable sur leur smartphone, cela aurait un effet énorme. Particulièrement dans l’idée de pouvoir construire un monde « plus juste », et ce d’autant plus dans des pays qui manquent de stabilité politique, ou économique.
Pour autant, la manière dont nous avons construit libra n’est, précisément, pas de penser que nous avions toutes les réponses. Nous ne pensons pas que Facebook joue le rôle d’un Etat. Nous ne pensons pas que Facebook doive contrôler tout ceci. Nous avons donc lancé une association pour la gouvernance de cette cryptomonnaie, sise à Genève, et qui rassemble une bonne vingtaine d’entreprises internationales reconnues. Facebook ne sera qu’une des entreprises parmi d’autres pour cette gouvernance – même s’il est vrai que nous avons joué un rôle moteur central dans la création de libra. De très nombreux paramètres sont nécessaires pour assurer la stabilité d’une cryptomonnaie. Cela ne serait pas réaliste qu’une seule entreprise puisse les maîtriser.
Des pays en développement comme le Venezuela, l’Inde ou le Brésil ne verront-ils pas le libra comme un défi à leur souveraineté ?
Je suppose que beaucoup se sont dit ça les premières fois où des compagnies aériennes, ou des sociétés de télécommunication, ont été privatisées. Est-ce qu’une technologie innovante, qui apporte des bénéfices au plus grand nombre, va mettre en difficulté les acteurs historiques d’un secteur ? Oui, évidemment. Mais une cryptomonnaie remet avant tout en cause le système bancaire actuel, qui met de côté des milliards de personnes.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/06/18/nick-clegg-nous-ne-pensons-pas-que-facebook-joue-le-role-d-un-etat_5478023_4408996.htmlBagikan Berita Ini
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