
Les membres de l’Opep et leurs alliés, dont la Russie, se réunissent lundi et mardi à Vienne. Ils ont acté la poursuite de la limitation de la production de pétrole pour les neuf mois à venir.
Ceux qui espèrent voir les cours du pétrole dévisser dans les prochains mois vont être déçus. Lundi, les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs partenaires ont tous soutenu la proposition de prolonger pour neuf mois, dans les mêmes proportions, les baisses de production en vigueur depuis décembre pour soutenir les cours du baril de pétrole. La Russie, ainsi, a accepté de réduire sa production de pétrole en juin, a confirmé le ministre de l’Énergie, Alexandre Novak. Les nations exportatrices poursuivent donc leur stratégie en vigueur depuis janvier 2017. Objectif: éviter une forte baisse des prix.
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L’Opep, alliée dans cette opération à la Russie, se réunit ce lundi et mardi à Vienne pour acter cette manœuvre. «Nous, la Russie et l’Arabie saoudite, nous soutiendrons une prolongation [de l’accord de réduction de la production]. Pour ce qui est de la durée de cette prolongation, nous devons encore décider si elle sera de six ou de neuf mois», avait prévenu ce week-end le président russe, Vladimir Poutine, à l’issue d’une rencontre bilatérale avec le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamed Ben Salman, en marge du sommet du G20.
En 2017, l’accord de réduction de la production avait permis aux cours de remonter la pente après leur dégringolade de 2014-2016 (début 2016, le Brent valait moins de 30 dollars le baril). En décembre 2018, l’Opep et ses alliés, qui pompent la moitié du pétrole du globe, ont prolongé cet accord en réduisant leur production de 1,2 million de barils par jour au total. Cette stratégie a permis au Brent de gagner 22% depuis le 1er janvier 2019 et plus de 30% pour le WTI. Le Brent s’échange aujourd’hui aux alentours de 66 dollars le baril et le WTI autour de 60 dollars. «Nous pensons que nos accords de stabilisation de la production (…) ont eu un effet positif sur la stabilisation et les perspectives du marché», s’est ainsi réjoui Vladimir Poutine dans les colonnes du Financial Times.
Le risque d’une offre trop abondante
Les pays producteurs affirment que la poursuite de cette stratégie est nécessaire dans la configuration actuelle du marché. La demande mondiale de pétrole est en effet morose en raison des tensions entre la Chine et les États-Unis, sur fond de guerre commerciale, et du ralentissement de la conjoncture mondiale. L’Agence internationale de l’énergie a d’ailleurs revu à la baisse en juin sa prévision de croissance de la demande pétrolière mondiale cette année. Or en face, l’offre reste abondante, portée notamment par la production américaine de pétrole de schiste. De quoi imaginer une nouvelle baisse du marché pétrolier, malgré les tensions géopolitiques dans le Golfe. «Les corrections sur le prix du pétrole reflètent le risque de revivre l’épisode de 2014. En 2014, sous l’effet d’une progression importante et régulière de la production américaine, le prix du pétrole s’était effondré. Il avait fallu trois ans à l’Opep pour éliminer les excédents et réduire les stocks de pétrole et de produits pétroliers des pays occidentaux», décrypte l’IFPEN.
L’Arabie Saoudite, qui a besoin d’un baril au-dessus des 70 dollars pour consolider son budget, cherche à tout prix à éviter cet effondrement. Avec les autres membres de l’Opep et leurs alliés, elle doit éviter un trop fort excédent d’offre mais aussi de fortes hausses des prix du pétrole. Cette stratégie d’équilibriste «s’inscrit dans le sens des intérêts de long terme de l’Opep afin d’éviter une baisse trop importante de la consommation», explique l’IFPEN.
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À Vienne, les Saoudiens et leurs alliés sont finalement parvenus à défendre leur position: le ministre saoudien de l’Énergie, Khaled al-Falih, avait expliqué que sa préférence allait à une prolongation des limitations de production pour une durée de neuf mois. Une suggestion également soutenue par le Venezuela et le Nigeria. La durée de la prolongation faisait toutefois «débat», de l’aveu du ministre émirati Suhail Mohammed Faraj Al Mazroui. L’Iran, de son côté, s’était dit prêt à soutenir l’accord mais avait dénoncé le caractère unilatéral de l’entente entre l’Arabie Saudite et la Russie. «L’important pour moi, c’est que l’Opep reste l’Opep. Elle a perdu son autorité et elle est au bord de l’effondrement. Je crois que l’Opep va mourir de ce genre de procédé», avait mis en garde le ministre iranien du pétrole, Bijan Namdar Zanganeh.
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