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Hypermarché sans caissiers d’Angers : un premier dimanche très chahuté - Le Parisien

« Nous informons notre aimable clientèle qu'à partir de midi et demi, les caisses seront fermées. Nous vous invitons à vous rapprocher des caisses automatiques et nous vous souhaitons un agréable dimanche. » Cette annonce, faite au micro, a bien du mal à se faire entendre dans le Géant Casino d'Angers (Maine-et-Loire). Les slogans hostiles résonnent déjà. À 12h30, alors que les caissiers appointés par l'hypermarché se faufilent discrètement vers la sortie, la tension monte.

Près de 200 personnes -syndicalistes, rares élus, Gilets jaunes- sont rassemblées depuis le milieu de matinée devant la grande surface. Elles ont déjà improvisé un défilé dans le magasin. À l'heure de la fermeture habituelle, alors que des trains entiers de caddies sont renversés devant la porte, la direction essaye d'être positive. « C'est un service supplémentaire pour le client, assure le directeur du Géant Casino, Luc Simon. C'est comme toutes les nouvelles technologies, il faut en prendre l'habitude. » Ces quelques explications, le directeur les livre un peu en croisant les doigts, avant d'aller « se promener », comme il l'assure.

Comme tous les salariés de la grande distribution, il a en effet interdiction de travailler, donc d'être là, après 13 heures le dimanche. Son hypermarché, il le remet aux mains de deux sociétés prestataires qui fournissent des vigiles et des « animatrices » présentes pour guider les clients peu habitués aux caisses automatiques. Mais ce premier dimanche après-midi d'ouverture a vite fait de tourner au chaos.

Des clients interpellés et sifflés

Quelques dizaines de manifestant pénètrent dans le magasin et se postent devant, puis au milieu des caisses automatiques. Les premiers clients sont interpellés, sifflés. L'habituel slogan « même si Macron ne veut pas, nous on est là » est chanté à plein poumons. « Excusez-moi, mais je ne vous entends pas », hurle une des animatrices qui essaie d'appeler une hotline nationale pour débloquer une caisse.

« Travaille, consomme et ferme ta gueule », crient les opposants. Une manifestante, gilet jaune sur le dos et mégaphone en main, interpelle les quelques clients qui osent s'approcher des caisses : « vous avez une responsabilité, reposez vos articles, vous êtes complices », leur dit-elle.

« C'est pas en nous criant dessus que ça va faire avancer les choses, soupire Yannick. Nous sommes rentrés tard de voyage, on reprend le travail demain matin, et il faut bien qu'on mange », explique-t-elle en désignant les galettes complètes et les courgettes farcies dans son panier.

Finalement, devant l'ambiance hostile, elle renonce à sortir sous les sifflets et préfère part sans rien acheter. D'autres s'entêtent, comme Antoine et son père, Louis. Péniblement, ils scannent un chariot entier, destiné au fiston qui vient faire ses études à Angers. Mais aux caisses automatiques, on ne peut pas passer plus de 15 articles à la fois. Le temps est long, le chahut immense, le père prend un paquet de chewing-gums en pleine tête en quittant le magasin.

Produits frais abandonnés

« La consommation excessive est malsaine, explique Louis très calme, sur le parking. Mais c'est aussi la consommation qui finance la solidarité nationale. » « Moi, j'ai peur que cette ouverture du dimanche après-midi fasse boule de neige », argumente Julien, 32 ans, employé dans une grande surface de la périphérie d'Angers. Peu habitué aux manifs, il voulait être là pour défendre son dimanche et son travail. « Vous vous rendez compte de la casse sociale s'ils se rendent compte que les supermarchés sans caissiers, ça fonctionne très bien? », interroge-t-il, inquiet.

Pendant ce temps-là, la bronca continue aux caisses. Quelques personnes remplissent des paniers de produits frais qu'elles abandonnent ensuite dans le magasin. Le réfrigérateur censé protéger les produits périssables abandonnés aux caisses est mystérieusement débranché. La police vient constater.

« Je me dissocie ce qui se passe. J'ai trente ans de boîte, j'ai pas envie de perdre mon boulot, lance Salia Guechaichia, déléguée CGT du magasin. Je suis contre l'agressivité et les dégradations. On n'est pas là pour blâmer, mais pour sensibiliser les gens. » Au mégaphone, un manifestant fait « un premier bilan », comme il dit. « On leur a fait perdre un pognon de dingue », résume-t-il.

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