Hiroto Saikawa est prêt à jeter l'éponge. Le successeur de Carlos Ghosn à la direction du constructeur japonais pourrait, selon nos informations, informer dès ce lundi le conseil d'administration de son intention de quitter prochainement ses fonctions. « C'est une décision qu'il a prise de lui-même », indique une personne proche du groupe. Dimanche soir, le quotidien japonais « Nikkei » avait indiqué qu'Hiroto Saikawa avait fait part de son intention à quelques membres de l'équipe dirigeante.
Si cette annonce est confirmée ce lundi, elle va contraindre Nissan à accélérer le complexe processus d'identification d'un successeur au cadre qui avait récupéré la direction exécutive de l'entreprise en avril 2017. Auparavant, il avait été brièvement co-PDG aux côtés de Carlos Ghosn, dont il a été pendant des années l'un des plus fidèles lieutenants. L'ancien dirigeant l'avait repéré peu après son arrivée chez Nissan en 1999 lorsqu'il cherchait un jeune cadre au département des achats capable de travailler en anglais.
Une position fragilisée
Depuis quelques mois, la position d'Hiroto Saikawa s'était considérablement fragilisée. L'interpellation spectaculaire de Carlos Ghosn, en novembre 2018, n'avait aucunement consolidé son autorité dans le groupe. Si le patron franco-libanais l'a accusé - sans jamais le nommer directement - d'avoir intrigué pour le faire chuter, une partie de ses équipes le soupçonnait, à l'inverse, d'avoir été au fait de certaines des malversations de Carlos Ghosn, dont il avait été très proche. Ces cadres ne comprenaient dès lors pas qu'il puisse être maintenu dans une gouvernance profondément remaniée et assainie. Dans une interview exclusive aux « Echos » , Hiroto Saikawa avait assuré, en janvier dernier, qu'il n'était nullement à l'origine des déboires de Carlos Ghosn.
Eclaboussé par un scandale
Pour tenter de consolider son aura en interne, Hiroto Saikawa s'était présenté au printemps dernier en défenseur de l'identité de Nissan dans les débats sur une éventuelle fusion avec Renault ou un rapprochement de l'Alliance avec Fiat-Chrysler, mais la dégradation rapide des résultats du constructeur ont depuis balayé cet effort. Présent aux plus hauts postes de responsabilité depuis tant d'années, il semblait peiner à définir un projet concret de redressement de l'entreprise. En juillet, il avait dévoilé une baisse de 99 % des profits opérationnels trimestriels du groupe et laissé entendre que la situation allait encore se dégrader dans les prochains mois.
La semaine dernière, ce sont de nouvelles révélations qui ont achevé de saper son image. Un grand audit interne, concentré essentiellement sur les actions de Carlos Ghosn, a montré qu'Hiroto Saikawa et une poignée d'autres membres de la direction ont bénéficié, en 2013, de revenus indus dans le cadre du régime de droits à la plus-value d'actions de la firme japonaise. Grâce à un report d'une semaine du paiement de ce bonus lié à la performance de l'action de Nissan, le dirigeant avait pu percevoir un gain supplémentaire de 47 millions de yens, soit 400.500 euros. S'excusant pour ces faits, il avait promis, jeudi, de rembourser cette somme mais cette affaire, qui n'est pas passible de poursuites judiciaires, avait beaucoup choqué dans les étages à Yokohama.
Plusieurs semaines pour un successeur
Ce lundi, le conseil d'administration de Nissan devrait donc prendre acte de la décision du DG japonais et devrait presser le comité des nominations, au sein duquel siège Jean-Dominique Senard, le président de Renault, d'accélérer son travail d'identification du futur patron. Un travail qui pourrait prendre plusieurs semaines ou mois. Plusieurs cadres prometteurs ont quitté le groupe depuis la chute de Carlos Ghosn et aucune personnalité évidente ne s'est imposée en successeur potentiel. Une liste de noms a toutefois été déjà établie avec l'aide d'agences spécialisées.
https://www.lesechos.fr/industrie-services/automobile/le-pdg-de-nissan-veut-demissionner-1129908Bagikan Berita Ini
0 Response to "Le PDG de Nissan veut démissionner - Les Échos"
Post a Comment