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L'entrée de Fleur Pellerin chez Reworld Media fait polémique - Le Monde

Fleur Pellerin, ex- ministre de la culture, et fondatrice du fonds d’investissement Korelya, à Paris, le 17 janvier 2017.
Fleur Pellerin, ex- ministre de la culture, et fondatrice du fonds d’investissement Korelya, à Paris, le 17 janvier 2017. ERIC PIERMONT / AFP

« On peut en rire. On peut aussi en pleurer. Ou en vomir. » Ces mots, c’est la désormais ex-société de journalistes (SDJ) de Grazia qui les a écrits sur Twitter lundi 14 octobre. Alors que 90 % des 40 journalistes de l’hebdomadaire féminin font leurs valises, l’arrivée de Fleur Pellerin au conseil d’administration de leur repreneur, le groupe Reworld Media, a été perçue comme un coup au cœur. « Notre métier, c’est de faire de l’information. Qu’une ancienne ministre de la culture cautionne la remise en cause du fonctionnement d’un journal est stupéfiant », se désole une journaliste sur le départ.

Reworld Media, qui a racheté Mondadori France cet été (Grazia, Biba, Pleine Vie, Auto Plus, Closer, Télé Star…), a fait figure de repoussoir auprès de ses journalistes : 200 d’entre eux ont fait jouer la clause de cession, ce dispositif qui permet de quitter un journal lorsqu’il change de propriétaire. Beaucoup craignaient les méthodes de Reworld Media, qui travaille avec des « directeurs de marque » plutôt qu’avec des rédacteurs en chef, embauche des chargés de contenus, qui rédigent aussi bien des articles que des publireportages payés par les annonceurs, plutôt que des journalistes, et sous-traite les contenus à des agences extérieures.

Fleur Pellerin justifie son arrivée chez Reworld Media. « Ils m’ont expliqué leur démarche pour résoudre les problèmes d’un secteur en crise, tant au niveau du lectorat que de la publicité. Tout le monde essaie de monétiser. J’ai trouvé cela intéressant », explique au Monde l’ancienne ministre de François Hollande.

« Je ne vois pas très bien où est le problème »

Et de rappeler ses actions en faveur de la presse lorsqu’elle était à la culture. « J’ai par exemple fait en sorte de recentrer les aides sur la presse d’information générale afin que Le Monde diplomatique ou Charlie Hebdo puissent en bénéficier. Je ne vois pas très bien où est le problème », dit Fleur Pellerin, qui a depuis créé le fonds d’investissement Korelya.

Hasard des rencontres, c’est l’une de ses amies, Véronique Philipponnat, ancienne du magazine Elle, qui a été propulsée à la tête de Grazia. « J’embaucherai les gens qu’il faut pour faire un journal de qualité. J’ai une indépendance éditoriale totale », assure la nouvelle patronne, sans préciser quels seront les effectifs futurs de Grazia.

Même flou du côté du fondateur de Reworld, Pascal Chevalier. « Elle a le droit de constituer les meilleures équipes », affirme-t-il. Mardi, les ex-Grazia se disaient adieu autour d’un pot de départ : « Une foule de sentiments doux-amers se bousculaient hier soir à la @BrasserieBarbes », signait d’un dernier Tweet la SDJ.

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