Trains, bus, écoles, ramassage des ordures… Plusieurs millions de salariés du public et du privé sont appelés à faire grève jeudi 5 décembre contre la réforme des retraites.
La Confédération générale du travail (CGT), Force ouvrière (FO), la Fédération syndicale unitaire (FSU) et Solidaires ont pris l’initiative de ce mouvement de grève interprofessionnel. Dans un communiqué commun, ces organisations appellent à « construire un plan d’action contre le projet de réforme de retraites par points et pour gagner un renforcement, une amélioration du système actuel de retraites solidaire et intergénérationnel. »
La Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC) a appelé à manifester. La Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) a laissé ses syndicats libres de rallier le mouvement. De son côté, la CFDT a choisi de ne pas se joindre à la mobilisation le 5 décembre. « Cet appel est fait sur une base qui n’est pas la nôtre », précise Frédéric Sève, secrétaire national chargé des retraites, dans un entretien publié sur le site du syndicat.
Transports
Les trois syndicats représentatifs de la RATP (UNSA, CGT et CFE-CGC) promettent une mobilisation « aussi forte » que le 13 septembre, qui avait mis Paris quasiment à l’arrêt. Mais cette fois, ils appellent à une grève illimitée. Jeudi, la direction a annoncé prévoir un « trafic fortement perturbé sur l’ensemble de son réseau à partir du 5 décembre ». L’entreprise sera « en capacité de communiquer sur les prévisions de trafic dès le mardi 3 décembre après-midi, soit 48 heures avant le début du mouvement social », a-t-elle indiqué dans un communiqué.
La régie de transports franciliens compte également mettre en place des partenariats pour offrir des « services de mobilité complémentaires » – comme le covoiturage, les voitures avec chauffeur, les voitures, vélos, scooters électriques et trottinettes en libre-service – et des services « hors mobilité », tels que le coworking ou un service de recherche d’itinéraires à vélo.
A la SNCF, trois syndicats représentatifs – la CGT-Cheminots, l’UNSA ferroviaire et SUD-Rail – ont aussi lancé un appel à un mouvement illimité. En déposant un préavis, la CFDT-Cheminots menace de faire grève et espère des engagements du gouvernement.
Les billets TGV inOui, Ouigo et Intercités sont fermés à la vente du 5 au 8 décembre pour favoriser les clients qui ont déjà un billet et dont les trains pourraient être annulés à cause de la grève, a fait savoir mercredi la SNCF. A partir du 3 décembre, la SNCF fera chaque jour à 17 heures un point précis sur les perturbations des deux jours à venir pour les trains TGV inOui, Ouigo et Intercités afin que les clients puissent s’organiser.
En outre, la CGT, FO et Solidaires appellent à une grève illimitée dès le 5 décembre dans le transport urbain et routier de voyageurs, de marchandises et de fonds. Un appel qui concerne également les ambulanciers, déménageurs ou les taxis.
Dans le transport aérien, trois syndicats d’Air France particulièrement implantés auprès du personnel au sol ont déposé des préavis, mais les syndicats des personnels navigants n’ont pas appelé à la grève.
La plupart des syndicats enseignants (SNES-FSU, SNUipp-FSU, SE-UNSA, Snalc…) ont appelé les quelque 900 000 enseignants des premier et second degrés à la grève.
Selon Francette Popineau, secrétaire générale du SNUipp-FSU (le premier syndicat du primaire), 10 à 20 % d’écoles annoncent déjà qu’elles seront fermées le 5 décembre, et 60 % d’enseignants seront grévistes. Les enseignants ont jusqu’à quarante-huit heures avant le jour de grève pour se prononcer, mais elle prévoit d’ores et déjà « un mouvement très suivi ».
Le service d’accueil dans les écoles sera « très compliqué, car il y aura des grévistes également du côté des personnels non enseignants [agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles, Atsem], personnels de cantine et aussi des transports ».
Des syndicats lycéens (FIDL, UNL, MNL) se sont joints au mouvement, ainsi que des syndicats étudiants comme l’UNEF, dans la foulée des mobilisations pour alerter sur la précarité étudiante.
Trois des quatre syndicats représentatifs – CGT, FO et l’alliance CFE-CGC-Unsa – appellent à la grève alors que les 140 000 électriciens et gaziers ont leur propre régime.
Les foyers n’ont pas à craindre de coupure de courant, mais la CGT appelle à des baisses de production d’électricité, des coupures de bâtiments publics d’Etat (hors lieux de santé), d’opérateurs privés et « d’entreprises qui licencient ».
Carburants
« Il y a des appels à la grève dans les sept raffineries françaises », précise la CGT Chimie, qui n’exclut pas des arrêts de production. Toutefois, les stocks rendent improbable une pénurie à la pompe à court terme.
Les personnels des régies privées ou publiques chargées de la collecte des ordures ménagères et de leur traitement devraient être fortement mobilisés avec d’importants mouvements déjà prévus à Marseille et Montpellier notamment, selon la CGT des services publics.
Automobile
La CGT de Renault appelle à la grève « avec l’objectif de poursuivre » au-delà du 5. La CGT de PSA appelle les salariés à se mobiliser à la fois contre la réforme des retraites « et contre le projet d’un 3e accord de compétitivité » chez ce constructeur.
Dans un contexte de grève des urgences qui dure depuis huit mois, CGT, FO, SUD et le collectif Inter-Urgences ont relayé l’appel à la grève du 5, mais la date ne fait pas l’unanimité dans le secteur où une journée d’action spécifique est programmée pour le 17 décembre. Les internes sont appelés à la grève à partir du 10.
Le Conseil national des barreaux a voté une journée « justice morte » pour le 5 décembre. Les avocats veulent défendre leur « régime autonome » qui, selon eux, fonctionne « parfaitement » et ne coûte « pas un euro » à l’Etat.
Le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France, tous deux classés à gauche, ont également appelé à la grève, à la fois sur les retraites et contre « des projets de réforme mal conçus qui ne font que dégrader le service public de la justice ».
Les syndicats Alliance et UNSA ont lancé un appel pour des actions le 5 décembre de 10 heures à 15 heures dans tous les services de police. Fermeture symbolique des commissariats, refus de rédiger des PV, contrôles renforcés aux aéroports et aux péages : diverses actions sont prévues.
Pas question pour autant de rejoindre les cortèges de manifestants, a affirmé mercredi le secrétaire général d’Alliance, Fabien Vanhemelryck, expliquant qu’il s’agissait pour les policiers de « manifester autrement ».
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