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Carlos Ghosn : ce que l'on sait (et ce que l'on ne sait pas encore) sur sa fuite au Liban - franceinfo

L'ancien patron de Renault-Nissan a quitté le Japon, où il était assigné à résidence, pour rejoindre le Liban. Il est poursuivi pour des revenus différés non déclarés et pour abus de confiance aggravé.

Une fuite, pour échapper à la justice japonaise. Assigné à résidence à Tokyo, l'ancien patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, s'est échappé lundi 30 décembre pour rejoindre le Liban, dont il possède la nationalité. "Je n'ai pas fui la justice, je me suis libéré de l'injustice", a-t-il déclaré. Carlos Ghosn fait l'objet de quatre inculpations dans ce pays : deux pour des revenus différés non déclarés aux autorités boursières par Nissan (la firme japonaise est aussi poursuivi sur ce volet), et deux autres pour abus de confiance aggravé.

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Franceinfo fait le point sur ce coup de théâtre.

Ce que l'on sait

Il est au Liban. Mardi matin, l'ancien patron a confirmé qu'il se trouvait au Liban dans un communiqué. "Je ne suis plus l'otage d'un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité", a-t-il écrit, selon ce document transmis par ses porte-parole. "Je n'ai pas fui la justice, je me suis libéré de l'injustice et de la persécution politique. Je peux enfin communiquer librement avec les médias, ce que je ferai dès la semaine prochaine", ajoute-t-il.

Il n'avait pas le droit de quitter le Japon. Assigné à résidence après 130 jours de prison, il avait été placé en résidence surveillée. Ses conditions de liberté précisaient que ses passeports étaient gardés par ses avocats, garants du respect des règles imposées par la justice à son égard. Son assignation à résidence à Tokyo lui laissait la liberté de voyager à l'intérieur du Japon, mais la durée d'absence de son domicile était réglementée. Son accès à internet était fortement restreint et sa résidence placée sous la surveillance de caméras.

Ses avocats ont toujours ses passeports. "C'est une surprise totale, je suis abasourdi", a déclaré aux médias Junichiro Hironaka, affirmant ne pas avoir été contacté par Carlos Ghosn et avoir appris "par la télévision" que l'ex-patron de Renault-Nissan avait fui. Il a confirmé que les avocats avaient toujours les trois passeports du magnat – Libanais, Brésilien, Français – en leur possession.

Le soutien consulaire français. Interrogée sur France Inter, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, a rappelé que Carlos Ghosn "n'est pas plus au-dessus de lois". Si le gouvernement français ne cautionne pas la fuite de Carlos Ghosn, "de l'autre côté c'est un ressortissant libanais, brésilien et français, et le soutien consulaire lui est acquis comme à tous les Français", indique Agnès Pannier-Runacher.

Ce que l'on ne sait pas encore

Les conditions de sa fuite. Comment a-t-il pu quitter le pays ? A-t-il bénéficié de complicités ? Peu de détails ont pour l'instant filtré sur son départ. "La manière dont il a quitté le Japon n'est pas claire", a précisé à l'AFP une autre source au Liban. Selon le journal libanais al-Joumhouriya, qui a dévoilé l'information, le patron déchu de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est arrivé à Beyrouth dans un avion en provenance de Turquie. En France, le journal Les Echos croit savoir qu'il a passé les contrôles douaniers en présentant un passeport falsifié. 

La réaction du Japon. Mardi matin, les autorités japonaises n'avaient pas encore réagi à cette spectaculaire évasion. Elle pourrait lancer un mandat d'arrêt international, qui n'aura cependant que peu d'effet au Liban, avec lequel il n'existe pas d'accord d'extradition. Ce mandat empêcherait cependant Carlos Ghosn de se déplacer dans des pays qui ont signé de tels accords avec Tokyo.

La réaction du Liban. Les autorités libanaises n'ont pas commenté l'arrivée de l'ancien PDG sur son territoire. Mais, depuis le début de ses ennuis judiciaires, Carlos Ghosn, symbole de la réussite de la diaspora libanaise, est très soutenue par l'opinion publique comme par les autorités. Après son arrestation, l'ambassadeur japonais au Liban avait été convoqué pour s'expliquer. Comme le rappelle Le Parisien, un de ses soutiens avait lancé une campagne d'affichage "Nous sommes tous Carlos Ghosn" et le ministre de l'Intérieur avait déclaré : "Le phénix libanais ne sera pas brûlé par le soleil du Japon".

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