Coup de tonnerre dans l'affaire Carlos Ghosn. Alors qu'il préparait son procès et se trouvait en liberté conditionnelle au Japon, l'ex-PDG de Renault-Nissan a confirmé mardi se trouver au Liban, provoquant la consternation à Tokyo. Le principal avocat de Carlos Ghosn, Junichiro Hironaka, s'est même déclaré "abasourdi" par la nouvelle de la fuite, qu'il a apprise "par la télévision". "C'est inexcusable, puisque c'est une violation des conditions de sa libération sous caution", a-t-il déclaré.
"Au Japon, c'est la sidération", déclare sur BFMTV Yann Rousseau, correspondant du quotidien Les Échos au Japon, "et pour l'opinion publique japonaise, c'est la signature de la culpabilité de Carlos Ghosn".
Le gouvernement "assez embarrassé par cette affaire"
Selon lui, le gouvernement nippon reste "assez embarrassé par cette affaire, par le fait qu'il se soit échappé du système japonais". Mais l'opinion publique japonaise semble avoir confiance dans l'enquête du procureur et dans les mises en examen formulées contre l'ex-PDG.
Le gouvernement pourrait donc "retourner politiquement cette fuite et montrer que Carlos Ghosn n'a pas voulu se défendre, n'a pas voulu répondre aux questions que le procureur voulait lui poser lors du procès et qu'il est donc coupable", continue le correspondant.
Une enquête va tout de même avoir lieu pour comprendre comment Carlos Ghosn a pu s'échapper de l'archipel. Ses trois passeports (brésiliens, français et libanais) avaient en effet été confisqués et sont encore actuellement en possession de ses avocats, au Japon.
Vers un mandat d'arrêt international?
Les charges qui pèsent sur l'ex-PDG seront difficiles à faire valoir à l'étranger, notamment au Liban, pays dont Carlos Ghosn a la nationalité, explique à l'AFP l'ex-procureur et aujourd'hui avocat Nobuo Gohara.
"Une chose est sûre. Pour les procureurs, c'est une situation extrêmement grave. Nissan doit avoir peur. Les procureurs aussi", estime Nobuo Gohara. "L'équipe de défense a complètement perdu la face. Ils ont promis au juge que M. Ghosn resterait au Japon comme condition de sa libération sous caution. Ils ont conservé ses passeports mais il est parti à l'étranger", souligne-t-il.
Si une extradition depuis le Liban est difficile à imaginer, aujourd'hui Carlos Ghosn "commence une fuite de grand fugitif international", explique Yann Rousseau.
"Si un mandat d'arrêt international est émis par le Japon, il y a plusieurs pays dans lesquels [Carlos Ghosn] ne pourra plus jamais se rendre. Ça peut être le cas des États-Unis, de la plupart des pays européens", continue le journaliste. S'il vient en France, "puisqu'il a un passeport français, en théorie la France ne va pas l'expulser, mais il y aurait un gros embarras diplomatique".
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