Carlos Ghosn, l’ex-patron de Renault-Nissan qui a fui le Japon où il était assigné à résidence, ne serait pas extradé s’il venait en France, a affirmé, jeudi 2 janvier, la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher, sur la chaîne BFM-TV :
« Si M. Ghosn venait en France, nous n’extraderons pas M. Ghosn, parce que la France n’[extrade] jamais ses nationaux ; donc nous appliquons à M. Ghosn comme à M. Tout-le-Monde les mêmes règles du jeu, mais cela ne nous empêche pas de penser que M. Ghosn n’a pas à se soustraire à la justice japonaise. »
Sous le coup de quatre inculpations, sorti de détention provisoire sous caution en avril 2019, M. Ghosn vivait relativement libre de ses mouvements à l’intérieur du Japon, sous diverses conditions. L’ancien président-directeur général de Renault-Nissan, qui préparait son procès qui devait se tenir en 2020 au Japon, a confirmé mardi se trouver au Liban d’où il promet de parler « librement » aux médias le 8 janvier.
Code secret
Les conditions de sa fuite restent encore floues. Les autorités japonaises ne disposent en effet d’aucune donnée informatique signalant que Carlos Ghosn se serait présenté sous sa réelle identité aux contrôles aux frontières du Japon, dans aucun des aéroports du pays.
Des sources libanaises affirment en revanche que M. Ghosn a franchi les contrôles à Beyrouth avec un passeport français. Il disposait de trois passeports (un français, un libanais et un brésilien), conservés par ses avocats. Mais une autorisation exceptionnelle du tribunal lui permettait de garder un second passeport français sur lui, dans un étui fermé par un code secret, a affirmé jeudi une source proche du dossier, confirmant des informations de la chaîne publique japonaise NHK. Toujours selon cette source, le code secret de cet étui (boîte ou sacoche, le type n’est pas précisé) était connu de ses avocats, a expliqué la même source.
Ce document tenait lieu de visa de court séjour dans l’archipel et M. Ghosn devait donc l’avoir à portée de main pour ses déplacements internes, a expliqué la même source. En cas de contrôle, il devait contacter l’avocat détenteur du code pour que celui-ci se déplace (il ne pouvait se contenter de donner le code par téléphone à un policier), a encore précisé la source, indiquant que de telles dispositions ne concernaient pas uniquement M. Ghosn, mais aussi d’autres personnes libérées sous caution.
Enquête ouverte en Turquie
De leur côté, les autorités turques ont interpellé jeudi plusieurs personnes dans le cadre d’une enquête sur le transit par Istanbul de Carlos Ghosn, dont la destination finale était le Liban. Selon l’agence de presse turque DHA, sept personnes ont été interpellées dans la capitale turque.
Par ailleurs, selon les médias japonais, une perquisition a eu lieu jeudi dans l’habitation où il vivait à Tokyo en liberté conditionnelle.
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