
Nouveau jeu de chaise musicale à la tête du moteur de recherche français Qwant. Son fondateur, Eric Léandri, quitte la présidence de l’entreprise. Les principaux actionnaires de la société – la Caisse des dépôts et le groupe allemand Axel Springer – ont décidé de confier les rênes à Jean-Claude Ghinozzi, qui dirigeait jusque-là les activités marketing et commerciales. Les équipes devaient être averties, jeudi 9 janvier au matin.
Ce changement s’accompagne d’un renforcement du contrôle des actionnaires sur la marche de l’entreprise. Antoine Troesch, directeur de l’investissement de la Banque des territoires – l’une des cinq directions de la Caisse des Dépôts – est appelé à prendre le pouvoir d’un conseil de gouvernance auquel les décisions portant sur des changements stratégiques ou engageant des dépenses importantes devront être soumises. Les actionnaires auront aussi plus de sièges au conseil.
Cette reprise en main doit être lue à la lumière du nouvel investissement qu’ont décidé de consentir les deux principaux actionnaires du moteur de recherche, alors que l’entreprise, créée en 2011, continue à perdre de l’argent.
Clarifier la stratégie de l’entreprise
A eux deux, ils pourraient, selon nos informations, réinjecter une dizaine de millions d’euros pour permettre à Qwant de poursuivre son développement. Une manière pour la Caisse des dépôts de sécuriser l’avenir d’une entreprise largement vantée par la puissance publique comme la meilleure alternative à Google en termes de moteur de recherche respectueux des données personnelles des utilisateurs. Et qui s’apprête à devenir le moteur par défaut de l’administration française.
Même si les derniers indicateurs sont encourageants (progression du chiffre d’affaires à un peu moins de 10 millions d’euros, audience en hausse…), les attentes des actionnaires de Qwant envers M. Ghizzoni sont claires. Il doit clarifier la stratégie de l’entreprise pour se concentrer sur l’essentiel : améliorer la fiabilité du moteur de recherche, encore imparfaite, et atteindre l’équilibre financier. Sur la première partie de 2019, les pertes s’élevaient environ à 1 million d’euros par mois. « [Or], à la Caisse des dépôts, nous sommes économes de l’argent que nous investissons », rappelle M. Troesch, persuadé que des leviers peuvent être rapidement activés pour endiguer les dépenses.
Le nouveau patron de Qwant devra en particulier améliorer la monétisation du service. Cela devrait passer par une meilleure exploitation de l’activité shopping et du trafic sur mobiles. « Il y a encore des pans de notre inventaire dont nous ne tirons pas profit », admet-il volontiers. Il lui faudra probablement aussi tailler dans les dépenses. Cela pourrait passer par une réduction des frais de fonctionnement, mais aussi par l’abandon de projets de développement qui ne seraient pas considérés comme stratégiques. M. Ghizzoni, arrivé en août 2017, après six années passées chez Microsoft, devra présenter un plan plus précis au conseil de surveillance dans les prochaines semaines.
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