
Publié le 5 févr. 2020 à 12h16
C'est comme s'il ne s'était rien passé, ou presque. Alors que les autorités ont entamé depuis des mois un dialogue avec les banques et publié une série de recommandations pour éviter tout emballement du crédit immobilier, la machine tourne toujours. Et même à plein régime.
Les taux d'emprunt ont battu un nouveau record en décembre, selon les derniers chiffres de la Banque de France. Ils ont atteint 1,17 %, un nouveau plus bas historique. Ils étaient encore à 1,20 % en novembre, et à 1,34 % il y a six mois. « La croissance du crédit se maintient à un niveau élevé », confirme l'institution.
Les chiffres de la Banque de France font office de référence dans le secteur. Ce sont eux qui compilent tous les nouveaux crédits à l'habitat, couvrant 100 % du marché. Pour d'autres organismes, comme l'Observatoire Crédit Logement/CSA (qui suit autour de 40 % des dossiers), les taux sont ainsi déjà tombés à 1,13 % en décembre ; idem pour janvier.
Record sur la production
Conséquence directe des taux bas, les encours évoluent également à des niveaux inédits. L'année 2019 aura ainsi été particulièrement active, avec 258 milliards d'euros de production de crédit, la deuxième année la plus forte de l'histoire après 2017 (273 milliards d'euros), selon la Banque de France. Au mois de décembre, le montant global des emprunts a progressé de 7 milliards d'euros, atteignant ainsi, lui aussi, un nouveau record à un plus de 1.078 milliards d'euros. Depuis 2010, l'encours a progressé de 63 %, de plus de 400 milliards d'euros.
Inquiètes de cette situation, les autorités ont pourtant demandé à plusieurs reprises aux banques de réduire la voilure. Après des mois de consultation, le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF), qui réunit notamment la Banque de France et le Trésor, a même publié en décembre des recommandations.
Le Haut Conseil a recommandé aux banques de respecter le « taux d'effort de 33 % ». L'idée est que le poids d'un crédit ne représente pas plus d'un tiers des revenus d'un ménage emprunteur. Les autorités ont également demandé aux banques de respecter une durée de crédit qui n'excède pas 25 ans.
Discrètes sur le sujet depuis des mois, les banques sont sorties de leur silence fin janvier. Et entamé le bras de fer. Via l'Observatoire des crédits aux ménages, un organisme proche de la Fédération bancaire française (FBF), elles ont indiqué qu'une telle politique pourrait faire sortir 100.000 ménages du crédit immobilier.
Lundi, la Banque de France est montée au créneau balayant l'idée que ses appels à la retenue dans l'octroi de crédit risquaient de priver certains ménages de financements. « L'accès au crédit immobilier sera maintenu, sans le moindre doute », a déclaré l'institution dans un communiqué commun avec l'ACPR, le gendarme bancaire. « Il continuera de croître en France, sur des bases plus saines et plus durables. »
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