
Boiron a confirmé, mercredi 11 mars, les craintes de ses syndicats : le laboratoire a annoncé plus de 600 suppressions de postes en France, environ un quart de ses effectifs dans le pays, mettant cette décision sur le compte du déremboursement de l’homéopathie décidé par le gouvernement l’an passé.
Au total, 13 des 31 sites de Boiron en France seront fermés, dont l’usine de Montrichard (Loir-et-Cher), l’un de ses trois sites de production sur le territoire, ce qui représente au total la suppression de 646 postes, a précisé le groupe, qui a présenté ce projet aux syndicats dans la matinée.
Ce plan, qui ne concernera que la partie française des quelque 3 700 salariés du groupe dans le monde, est nécessaire pour « pérenniser l’entreprise et assurer son avenir et celui des salariés qui restent », a affirmé le laboratoire. « Dans ce projet, il y a la création de 134 postes, et une nouvelle organisation de nos équipes commerciales pour pouvoir s’adapter à cette nouvelle donne », a-t-il précisé, ajoutant que les filiales à l’international ne sont pas concernées par « ce plan de réorganisation ».
Le remboursement doit tomber à zéro en 2021
Dans le détail, outre l’usine de Montrichard, 12 sites de préparation-distribution seront fermés : Avignon, Belfort, Brest, Grenoble, Limoges, Niort, Paris-Bois d’Arcy, Paris-Ivry, Pau, Rouen, Strasbourg et Toulon.
Le laboratoire lyonnais, leader mondial du secteur de l’homéopathie, a fait état des risques que faisait porter sur le groupe la décision de dérembourser l’homéopathie prise par le gouvernement français, alors que l’Hexagone représente quasi 60 % de ses ventes.
Depuis le 1er janvier, l’homéopathie, qui fut un temps remboursée à 65 %, avant de tomber à 30 %, n’est en effet plus remboursée qu’à 15 %. Ce taux tombera à zéro en 2021. Cette décision avait été annoncée en juillet 2019 par le ministère de la santé, au terme d’une longue polémique à propos de l’efficacité de l’homéopathie.
Cette controverse avait vu s’affronter les médecins pro et anti-homéopathie, une pétition en faveur du maintien du remboursement rassemblant même 1,3 million de signatures. A l’époque, Boiron avait brandi le risque des importantes conséquences sociales d’une telle mesure, affirmant qu’un déremboursement menacerait 1 000 emplois sur ses 2 500 en France.
Il y a eu « une campagne de déstabilisation très virulente depuis deux ans », a affirmé l’entreprise, disant continuer à « tout faire pour obtenir un moratoire et le maintien d’un remboursement ». Le groupe, qui doit publier ses résultats annuels financiers mercredi dans la soirée, a confirmé s’attendre à une baisse de sa rentabilité en 2019.
Ses ventes annuelles de l’an passé, déjà publiées, sont en baisse de presque 8 %, à 557 millions d’euros, alors même que le déremboursement n’avait pas encore eu lieu. Toutefois, très peu endetté, le groupe disposait à la fin 2018 d’une trésorerie nette supérieure à 210 millions d’euros.
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