Bingo pour 500 millions d’euros. Le distributeur de livres, de produits high-tech et d’électroménager Fnac-Darty est la première grande entreprise à décrocher un prêt garanti par l’Etat. Pour un tel montant, la signature du ministre de l’Economie est indispensable. On attendait plutôt Air France ou Renault comme premiers attributaires de ces financements, mais c’est une enseigne certes touchée par la fermeture de ses 500 magasins physiques, mais pas la plus en mal en point dans le monde de la distribution spécialisée, qui va bénéficier en tête de liste de ce gros coup de pouce.

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Et pour cause, les enseignes Fnac et Darty s’appuient sur un solide dispositif de vente en ligne. Habituellement, le canal internet représente 20% des ventes sur un total de 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Depuis le début du confinement, cette proportion a plus que doublé. S’y ajoute, le rush sur certains produits : manuels scolaires, ordinateurs, imprimantes, tondeuses, tous commercialisés par Fnac-Darty.

Risque limité pour les banques

L’entreprise justifie sa demande de prêt par un «pic de trésorerie» qu’il lui faut affronter. En clair, des échéances et notamment des fournisseurs dont il faut honorer les factures. Fnac-Darty devra rembourser cet emprunt de 500 millions sur une période d’un à cinq ans, à un taux d’intérêt qui ne devrait pas excéder 1%. Pas moins de neuf banques emmenées par le Crédit agricole ont accepté d’ouvrir leur caisse. Et c’est justement la situation financière de ce client qui les a incitées à se décider si rapidement. L’an dernier, la Fnac a réalisé 114 millions d’euros de bénéfices nets. Son endettement est quasi nul et la trésorerie affichait, à la fin de l’année dernière, un solde positif de 996 millions d’euros. Autant d’indicateurs auxquels ont été sensibles les banquiers. D’autant que sur ce type de prêt, la garantie de l’Etat est limitée à 70%. Le risque pour les banques, en cas de non-remboursement, reste tout de même de 30% de la somme empruntée.

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C’est sans doute ce qui explique que des entreprises plus mal en point comme Air France n’aient pas encore réussi à finaliser leur demande de prêt. La compagnie aérienne, dont les avions sont cloués au sol, a un grand besoin d’argent frais : 4 milliards d’euros au bas mot dans l’immédiat. Mais les banquiers, dont la qualité première n’est pas l’audace, font grise mine devant la garantie de l’Etat limitée à 75% des sommes empruntées. Ils pressent Air France de réclamer à Bercy une garantie plus élevée avant de s’engager sur un prêt. Les discussions sont toujours en cours.

Franck Bouaziz