Amazon France s’est vu refuser sa demande en vue de bénéficier du chômage partiel, a annoncé, lundi 4 mai, le ministère du travail. Dimanche, les syndicats du leader de la vente ligne avaient exercé leur pression sur ce point en affirmant qu’accorder à l’entreprise le bénéfice de ce dispositif d’aide exceptionnel pour la crise due au coronavirus serait scandaleux. « La réponse a été négative, car la fermeture des sites de l’entreprise n’est pas liée à une baisse d’activité mais à une décision de justice. Et le chômage partiel n’est pas prévu pour cela », explique-t-on au cabinet de la ministre du travail, Muriel Pénicaud.
En effet, Amazon France a décidé d’arrêter le travail des 10 000 employés de ses six entrepôts le 15 avril, soit le lendemain d’une décision du tribunal de grande instance de Nanterre. Ce dernier enjoignait à l’entreprise de ne plus distribuer que des produits alimentaires, médicaux ou d’hygiène, jusqu’à ce qu’elle ait réévalué les risques sanitaires liés au Covid-19.
Les sites à l’étranger sollicités
Le 24 avril, cette décision a été confirmée par la cour d’appel de Versailles, qui a toutefois élargi la liste des produits autorités. Mais Amazon France a maintenu la fermeture de ses sites.
La direction a assuré ne pas avoir eu d’autre choix, car l’astreinte fixée par le tribunal – 100 000 euros par colis de produits non autorisés – aurait fait, selon elle, courir un trop grand risque financier à l’entreprise. Depuis le 16 avril, Amazon France a assumé le salaire de ses employés à 100 %. Tout en s’organisant pour continuer son activité au maximum malgré la fermeture de ses entrepôts français, en sollicitant ses sites en Allemagne, en Italie, en Espagne ou au Royaume-Uni.
L’entreprise a également fait appel à ses petites « agences de livraison », dépendantes d’une filiale qui n’est pas concernée par la décision de justice. Enfin, les vendeurs capables de livrer par eux-mêmes ont continué d’écouler leurs produits sur Amazon.fr. Mais la direction a récemment dit que faire venir des marchandises de l’étranger lui coûtait cher. Et, jeudi, elle a sollicité le ministère du travail pour bénéficier du chômage partiel, afin de faire prendre en charge une partie des salaires par l’Etat.
Une reprise de l’activité en négociation
Ayant appris cette demande, les syndicats SUD, CGT, CFDT et FO d’Amazon se sont mobilisés, et ont publié un communiqué, dimanche 3 mai, qu’ils ont transmis à Mme Pénicaud.
« Cette démarche est proprement indécente tout comme le serait son éventuelle acceptation : en effet, ce dispositif a été mis en place pour venir en aide aux salariés des entreprises dont l’activité est rendue impossible dans la période, comme la restauration ou les commerces non essentiels. Plus encore, Amazon a fait le choix de fermer temporairement ses entrepôts depuis le 16 avril, tout en poursuivant son activité depuis ceux européens, pour mieux se soustraire à deux décisions de justice successives ! »
Les Amis de la Terre a renchéri dans un communiqué publié lundi, craignant « une réponse favorable de la part du gouvernement ». L’association écologiste mène une campagne très active contre Amazon et demande un « moratoire » sur ses « 8 à 11 projets d’entrepôts et centres de tri » en France.
La direction a fermé ses entrepôts jusqu’au mardi 5 mai. D’ici là, elle doit décider si elle prolonge encore cet arrêt d’activité. Et si elle négocie une reprise progressive d’activité, avec les syndicats. Ces derniers, qui doivent être consultés, d’après la décision de la cour d’appel, ont proposé un plan dans ce sens.
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