
La French Tech et le gouvernement sont sur les dents. La crise du coronavirus a encore renforcé la trésorerie des Gafam et des géants chinois de la tech, ce qui les positionne idéalement pour racheter des pépites dont les technologies sont jugées « souveraines ». Mais Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, l'assure : « Vous ne serez pas des proies. Nous n'accepterons pas que les géants du numérique viennent faire leur shopping en France avec des start-up qui seraient en difficulté. »
S'adressant aux représentants du secteur lors d'une réunion préparatoire à laquelle « Les Echos » ont pu assister, le ministre de l'Economie et le secrétaire d'Etat chargé du Numérique, Cédric O, ont voulu frapper fort. Ils présentent donc ce vendredi un nouveau plan de soutien à la French Tech de près de 1,2 milliard d'euros, en grande partie financé par le programme d'investissement d'avenir (PIA).
Ce plan se découpe en plusieurs tranches, dont la plus importante est la création d'un fonds d'investissement qui vise à contrer d'éventuelles opérations de rachat en offrant aux fondateurs et aux investisseurs de ces cibles une option de liquidités. Bercy met ainsi 500 millions d'euros sur la table, dont 150 millions seront disponibles dès cet été, à travers un véhicule financier qui sera opéré par bpifrance afin de protéger les jeunes pousses évoluant notamment dans la santé, le quantique, l'intelligence artificielle ou la cybersécurité.
Des convoitises bien réelles
L'objectif est plutôt de préserver les pépites encore sur le radar que les ténors du Next40. L'an passé, la start-up de cybersécurité Sentryo avait été acquise par l'américain Cisco et c'est ce type d'opération que le gouvernement veut être en mesure de contrer, assure Cédric O : « La French Tech attire les convoitises de grands acteurs étrangers, comme récemment dans la fintech. Nous ne pouvons pas ignorer les batailles d'influence qui se jouent à l'échelle mondiale sur la technologie. C'est pourquoi nous devons permettre à nos entreprises technologiques de continuer à se développer et à aller au bout de leurs ambitions. »
Un autre train de mesures tournées vers le renforcement de la trésorerie des start-up dope ce plan avec 495 millions d'euros. Dans le détail, il y a le doublement du French Tech Bridge , un dispositif d'investissement en obligations convertibles qui passe de 80 à 160 millions d'euros, et la création d'une enveloppe de prêts d'un montant total de 100 millions pour aider les entreprises qui ne peuvent bénéficier du Prêt garanti par l'Etat (PGE) car elles sont toujours en phase de recherche. 120 millions d'euros viennent s'ajouter au dispositif via le rechargement du Programme de soutien à l'innovation majeure (PSIM) créé en 2017, ainsi que 115 millions renforçant des dispositifs d'aide à l'innovation.
En attendant des mesures structurelles via le plan de relance
Une dernière poche de 200 millions d'euros vient compléter le plan, notamment pour aider les chercheurs à transférer le fruit de leur travail dans le monde entrepreneurial et éviter ainsi que des technologies critiques ne soient trop rapidement cueillies par des entreprises étrangères. Parties prenantes des échanges qui ont mené à ces décisions politiques, les associations professionnelles du secteur saluent l'initiative mais attendent de voir la suite, comme l'explique Nicolas Brien, directeur général de France Digitale : « Ces mesures défensives sont bonnes, mais il en faut aussi des proactives. Il faut régler la question de l'intérêt des investisseurs européens pour les start-up et nous espérons que cela sera pris en compte dans le cadre du plan de relance. »
Bercy assure avoir conscience du sujet et garantit que les deux premiers plans de soutien aux start-up mis en place depuis le début de la crise ne sont que les étapes logiques qui « s'inscrivent dans la politique menée sur la tech depuis trois ans pour rééquilibrer le rapport de force avec les géants du numérique », et qu'elles se prolongeront à l'automne pour faire repartir l'ensemble de la machine économique.
À noter
Conçu en un mois avec l'aide des représentants du secteur technologique français, ce plan sera présenté en Conseil des ministres le 10 juin prochain dans le cadre du projet de loi de finances (PLF3), avant d'entrer en débats parlementaires début juillet.
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