Nokia prévoit de supprimer 1 233 postes au sein de sa filiale Alcatel-Lucent en France, soit environ un tiers des effectifs de cette entité, a annoncé le groupe, lundi 22 juin, confirmant des informations de Reuters.
L’équipementier télécoms finlandais, qui a pour concurrents Ericsson et Huawei, affirme être désormais totalement libéré des engagements pris, notamment en matière d’emploi, lors du rachat d’Alcatel-Lucent.
Ces suppressions de postes concernent la recherche et développement (R&D) et les fonctions centrales sur les sites de Paris-Saclay et de Lannion (Côtes-d’Armor), mais pas les trois filiales françaises Radio Frequency Systems (RFS), Nokia Bell Labs France (NBLF) et Alcatel Submarine Networks (ASN), a précisé le groupe dans un communiqué.
Un programme mondial d’économies lancé en octobre 2018
Nokia doit « améliorer très significativement » son plan de suppressions d’emplois, a réagi quelques heures plus tard le ministère de l’économie. Selon une source à Bercy, le gouvernement va travailler avec les salariés d’Alcatel-Lucent pour faire à Nokia des contre-propositions et montrer que la France est un pays attractif.
Nokia souligne que ces réductions d’effectifs s’inscrivent dans le cadre d’un programme mondial d’économies lancé en octobre 2018 et déjà mis en œuvre dans plusieurs pays, destiné à « atteindre un niveau de rentabilité durable et améliorer la productivité sur un marché de plus en plus compétitif, avec une très forte pression sur les coûts ».
Nokia France emploie 5 138 personnes, dont 3 640 dans sa filiale Alcatel-Lucent. Cette entité faisait partie d’Alcatel-Lucent, que Nokia a racheté en 2015 dans le cadre d’une opération intégralement en actions valorisant le groupe français à 15,6 milliards d’euros. Ce rachat a été scruté de près par le gouvernement de l’époque, et notamment par son ministre de l’économie, le futur président, Emmanuel Macron.
Fin de l’engagement de préservation des emplois
Nokia s’était alors notamment engagé à préserver les emplois en France pendant deux ans et à y développer les équipes de recherche et développement afin de faire du pays une référence au sein du groupe pour la nouvelle génération de télécommunication mobile, la 5G. Le groupe est depuis ce mois-ci totalement libéré de ces engagements, a fait savoir une porte-parole.
Le président de Nokia en France, Thierry Boisnon, cité dans le communiqué, explique :
« La France restera un pôle de R&D déterminant au sein de Nokia, principalement autour du développement des technologies 5G et de la transmission par faisceaux hertziens, ainsi que dans la recherche avancée avec Bell Labs, dont l’Internet des objets et la nouvelle génération de solutions de transport. […] Nous comptons également continuer à jouer un rôle actif dans l’écosystème numérique français. »
L’intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CGT et CFTC d’Alcatel-Lucent s’est dite prête à « se bagarrer » pour sauver ces emplois. A Lannion (Côtes-d’Armor), l’un des deux sites touchés par la restructuration, avec celui de Nozay (Essonne), les salariés sont « encore tous en télétravail », mais « on va mobiliser, leur demander de revenir sur le site pour montrer qu’on ne va pas se laisser faire », a déclaré Bernard Trémulot de la CFDT. « C’est la mort du site qu’on est train de programmer, on ne peut pas l’accepter », a-t-il poursuivi.
L’intersyndicale prévoit deux manifestations, l’une à Paris, l’autre à Lannion, à « des dates pas encore fixées », a précisé Pascal Guihéneuf (CFDT). « On va à la bataille », a-t-il promis. Concernant le rendez-vous fixé mardi entre l’intersyndicale et Bercy, « si c’est pour boire le thé et ne rien faire, on sera en colère », a-t-il prévenu.
Frédéric Aussedat (CFE-CGC) a précisé que « 83 % des suppressions d’emplois » concernaient la R&D, une proportion qui atteignait « 95 % à Lannion et 77 % » à Nozay. « L’avenir des sites reposait sur la 5G » et « la cybersécurité », or « on licencie en plein dans la 5G ». « Toutes les promesses d’avenir qui avaient été faites sont en train de se volatiliser », a-t-il protesté, en attendant de Bercy « des actes ».
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