
La première Mercedes made in France. En mai 2018, cette annonce séduisante et retentissante était parvenue jusqu'à l'Elysée où Dieter Zetsche, le PDG de la firme allemande, avait détaillé à Emmanuel Macron un plan d'investissement de 500 millions d'euros sur le site d'Hambach (Moselle). Un SUV électrique au logo Mercedes verrait le jour sur le sol français, ce qui n'était jamais arrivé dans l'histoire du constructeur.
Deux ans plus tard, les nouvelles lignes de production sont quasi prêtes mais vendredi, à la surprise générale, le groupe a annoncé sa volonté de se séparer du site mosellan employant actuellement 1 500 personnes. Smartville n'a pas vu arriver la déflagration. Vingt-quatre heures après, la ville est encore sous le choc. Sous un soleil radieux, à l'aire de jeux pour enfants, Sophie qui habite Hambach après avoir suivi son conjoint embauché comme technicien opérateur il y a sept ans à l'usine, se dit résignée. « Ici, on a quand même une qualité de vie, on a l'école dans la commune. Si cette usine ferme parce que personne ne la reprend, on va tout perdre. »
En 2015, les salariés ont accepté de travailler 39h payées 37
Patrick Hoszkowicz, lui, est encore abasourdi. Ce délégué CFDT a pris « un coup de poing en pleine face. Mercedes nous sacrifie parce que le mal est en Allemagne où la santé est mauvaise. Même à l'Elysée, il paraît qu'ils sont tombés de la chaise. La crise a bon dos » poursuit-il. Convoquées jeudi soir pour le lendemain matin, les organisations syndicales ont été prises de court.
« En 2015, on a signé par référendum un pacte pour travailler 39 heures payées 37. C'était pour pérenniser nos emplois. Et quand Daimler a annoncé son investissement de 500 millions, on s'est dit que nos efforts avaient payé » témoigne Dominique, attablé en terrasse à un café de Sarreguemines, la ville voisine. Ce quinquagénaire exprime un sentiment de « gâchis ». Placé en chômage partiel pendant la crise sanitaire, il a repris son poste d'opérateur plutôt « confiant » début juin, lui qui est entré dans l'usine à son ouverture en 1997. « On sait que les constructeurs automobiles sont en difficulté en ce moment, mais je n'aurais jamais pensé à ça. »
La Smart délocalisée en Chine et remplacée par SUV Mercedes
L'incompréhension règne aussi chez les élus locaux, inquiets par le sort du site, actuel plus gros employeur de Moselle Est. Les présidents de la région, du département et de la communauté d'agglomération ont sollicité un rendez-vous avec le directoire. « Il est regrettable que cette décision soit prise en dehors de toute concertation et de toute discussion » ont écrit dans un communiqué commun les élus. A Smartville, il y avait déjà eu un coup de massue en mars 2019, lorsque Daimler, propriétaire des marques Mercedes-Benz et Smart, avait annoncé la fin de la production de la petite citadine en France et sa délocalisation en Chine à partir de 2022.
Mais le territoire avait été rassuré par la perspective d'une vitrine encore plus prestigieuse avec ce SUV Mercedes. La transformation industrielle avait commencé dans la foulée, représentant le plus gros investissement depuis la création de l'usine. 70 000 m2 de bâtiments sont sortis de terre, adossés sur l'Europôle d'Hambach. Un chantier colossal comprenant la réalisation d'ateliers de ferrage et de peinture. À ce jour, les travaux sont presque terminés. Le macadam est récent et au bord de ces nouveaux accès, des panneaux jaunes de chantier servant à aiguiller les engins.
300 robots à la pointe de la technologie
« Mercedes ira jusqu'au bout pour rendre la mariée plus belle. Et je pense qu'on respectera le calendrier qui prévoyait de lancer les prototypes en septembre afin de vérifier le processus de ferrage. Mais on n'ira pas plus loin » déplore Mario Mutzette délégué CFE-CGC. « Celui qui reprendra le site, reprendra une usine toute neuve. Il y a environ 300 robots issus des dernières technologies. S'il n'y a pas de repreneur en 2022, ce serait le pire scénario. S'il y en a un, sera-t-il capable de reprendre tout le monde et sous quelles conditions ? » s'interroge le syndicaliste.
Un comité social économique (CSE) extraordinaire doit se tenir jeudi.
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