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Coronavirus : les vaccins vont devoir gagner la bataille de l'opinion - Les Échos

Tant qu'il n'y aura pas de vaccin contre la Covid 19, les gestes barrière et le port du masque resteront les seules mesures pour limiter la transmission du virus, rendant impossible le retour à la « vie d'avant ». Pour trouver un vaccin, chercheurs et industriels mettent donc les bouchées doubles , recourant à de multiples technologies vaccinales. Et les Etats anticipent les commandes pour être certains d'être livrés à l'instant T.

La Commission européenne a ainsi multiplié les contrats avec les laboratoires. Elle a annoncé lundi un accord avec la biotech américaine Moderna pour l'achat initial de 80 millions de doses pour le compte de tous les Etats membres de l'UE. C'est le cinquième du genre. Un premier a été conclu avec le duo franco-britannique Sanofi-GSK, le 31 juillet, pour l'achat de 300 millions de doses. A suivi celui avec l'américain Johnson & Johnson, le 13 août, pour l'achat initial de 200 millions de doses, et une option pour 200 millions supplémentaires. Puis il y en a eu un avec le britannique AstraZeneca (300 millions + 100 millions), le 14 août, et enfin avec la biotech allemande CureVac (225 millions), le 18 août.

Les jeunes et les femmes les plus hostiles

En attendant, les gens s'impatientent et une partie d'entre eux affichent même leur scepticisme, voire leur hostilité face à la vaccination. Car la propagation de ce nouveau virus ne marque pas un retour en grâce inconditionnel des vaccins. La disparition des maladies infectieuses dans les pays développés expliquait pour certains la montée de l'hostilité envers les vaccins au cours des dernières décennies ; la population minimisant la menace que constitue une épidémie. Cette fois l'épidémie est là mais elle ne semble pas pour autant avoir fait reculer les vaccino-sceptiques.

Un sondage, réalisé fin mars par l'Ifop en plein confinement, montrait la persistance de cette hostilité chez un quart des Français . À la question « si un vaccin contre le coronavirus était disponible, vous feriez-vous vacciner ? », 6 % des personnes interrogées avaient répondu « non certainement pas » et 20 % « non probablement pas ». Les plus enclins à refuser un futur vaccin contre le coronavirus étaient les 26-35 ans (39 %), mais aussi davantage les femmes. Or ce sont souvent ces dernières qui décident de la vaccination des enfants.

Complotisme et réseaux sociaux

Enfin, les catégories les plus modestes étaient plus opposées (33 %) que les personnes ayant fait des études supérieures (16 %). Ces résultats ne sont pas totalement inattendus. Dès ses débuts, au XIXe siècle, la vaccination a en effet suscité une opposition. Et à l'époque on mourrait pourtant beaucoup des maladies infectieuses.

Aujourd'hui, les vaccino-sceptiques surfent sur un certain discrédit de la médecine jugée trop technicienne et plus largement sur celui de l'expertise, mais aussi sur la mauvaise opinion qu'a le public de l'industrie pharmaceutique. Et ces positions trouvent via Internet et les réseaux sociaux une caisse de résonance qui alimente le complotisme.

Les gouvernements et les professionnels de la santé seraient donc bien inspirés de préparer le terrain s'ils veulent que le public fasse bon accueil au vaccin Covid, en concentrant leurs efforts sur les 20 % d'indécis révélés par le sondage. Ce sont ceux-là qu'il faudra écouter et rassurer. Car si on réussissait à vacciner 75 % des Français contre la Covid-19, cela suffirait pour obtenir une immunité de groupe.

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