Pourquoi les 5.000 points ont lâché à la Bourse de Paris - Investir

 Le coup de mou du Cac 40 jeudi s’est transformé en baisse plus franche vendredi. Dès l’ouverture, l’indice parisien a flanché, touchant un plus-bas de séance à 10 heures 30 à 4.921,58 points. Si le baromètre est quelque peu remonté par la suite, ce fut bien insuffisant pour permettre au Cac 40 de retrouver les 5.000 points en clôture. L’indice a en effet terminé à 4.962,93 points, en retrait de 1,58%, dans un volume de transactions guère étoffé de 2,3 milliards d’euros. Plusieurs éléments ont concouru à faire dévier le marché.

D’une part, des indicateurs mitigés en provenance de Chine. S’ils confirment une poursuite du redressement de l’activité en juillet, les achats des ménages restent peu dynamiques. Les ventes au détail ont en effet glissé de 1,1% sur un an le mois dernier, après un recul de 1,8% en juin et une hausse de 0,1% anticipée par le consensus Bloomberg. Depuis le début de l’année, le recul atteint 9,9%. Du côté de la production industrielle, elle a bel et bien progressé pour le quatrième mois d’affilée, mais elle est ressortie sous les attentes du consensus, à +4,8%, contre une progression de 5,2% escomptée.

Impasse

Aux Etats-Unis, les chiffres du jour sont, eux, mitigés. Les ventes au détail, qui sont toujours surveillées de très près – la consommation compte pour les deux tiers du PIB -, n’ont progressé que de 1,2% en juillet, soit moins qu’attendu (+2%), mais la « contre-performance » tient pour beaucoup au secteur automobile. En l’excluant, les ventes au détail sont en hausse de 1,9%, dépassant les prévisions de 1,2%. Également au-dessus des attentes, l’indice préliminaire de l’Université du Michigan mesurant la confiance du consommateur est ressorti à 72,8 en août (consensus : 72), mais il reste proche des 72,5 points du mois précédent.

Pas de quoi revigorer Wall Street. Le Dow Jones oscille autour de l’équilibre, tandis que l’indice élargi S&P 500 ne parvient toujours pas à inscrire un nouveau record. Ce qui pourrait le pousser plus haut ? Peut-être un accord sur un nouveau plan d’aide à l’économie. Mais, pour l’heure, républicains et démocrates restent dans l’impasse. La présidente de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi, a déclaré qu'elle ne reprendrait pas les discussions tant que les républicains n'auraient pas augmenté leur offre d'aide de 1.000 milliards de dollars. C’est l’« impasse », a confirmé le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, sur CNBC. « Étant donné l'impasse fiscale actuelle, il est extrêmement improbable que les consommateurs reçoivent une aide fiscale supplémentaire en août. Il va sans dire que les perspectives pour septembre dépendent fortement de la politique fiscale », estime Aneta Markowska, économiste en chef de Jefferies.

Londres ré-impose une quatorzaine

La résurgence de la crise sanitaire est l’autre coup dur porté aux marchés financiers. S’il fallait une preuve supplémentaire que la pandémie de Covid-19 regagne du terrain dans l’Hexagone, Londres l’a apportée en décrétant, jeudi, une quatorzaine à l’encontre de toutes les personnes venant de France et se rendant au Royaume-Uni. L’obligation entrera en vigueur dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 août. Au nom de la réciprocité, Paris va adopter une mesure similaire. Il n’y a pas que les Français dans le collimateur de Londres, Espagnols, Belges et Néerlandais se voient également imposer une quatorzaine. Pas de quoi faire les affaires de Getlink. L’opérateur du tunnel sous la Manche a lâché ... % en Bourse. Dans le secteur du tourisme-transport, le titre Air France-KLM, très volatil, a perdu 5,78%, Ryanair 3,2% et easyJet 6,6%. « Si la tendance se poursuit, les voyages au sein de l'Union européenne pourraient être à nouveau sévèrement limités d'ici l'automne, craint Milan Cutkovic, analyste de marché pour le courtier AxiCorp. Et il y aussi un risque accru de reconfinement régional sur le continent. »

En cette veille de week-end, la prudence s’est également imposée alors que représentants chinois et américains doivent faire un point d’étape sur la mise en œuvre de la phase 1 de l’accord commercial signé en janvier. Robert Lighthizer, le représentant au Commerce américain, et le vice-premier ministre chinois Liu He doivent discuter via vidéoconférence. Pour rappel, Pékin s'est engagé à augmenter ses achats de produits agricoles américains, mais le compte ne semble pas être bon en raison de la crise sanitaire, qui ralentit les échanges. Selon le quotidien South China Morning Post, le gouverneur de la Banque populaire de Chine, Yi Gang, a déclaré que Pékin continuerait d’honorer sa part du contrat, notamment en ce qui concerne l’ouverture financière. 

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