La crise du coronavirus et la récession qui l'accompagne continuent de plomber les comptes de Société Générale. La banque a accusé des pertes nettes de 1,26 milliard d'euros au deuxième trimestre, selon les résultats publiés ce lundi. Au premier trimestre, elle avait déjà perdu 326 millions d'euros . Les revenus baissent de 15,7 %, à 5,3 milliards d'euros.
Dans la foulée de cette publication, l'action Société Générale reculait de 3 % à la Bourse de Paris, ce matin.
Le groupe subit le contrecoup de la crise, avec une multiplication par quatre des provisions financières par rapport à la même période l'an dernier, à 1,28 milliard d'euros, qui viennent donc grever les comptes. Cet argent doit servir à faire face aux éventuels impayés des clients confrontés à la dégradation de la situation économique. Mais il ne s'agit pas de défauts avérés, prévient la banque.
Charges comptables
L'essentiel des pertes s'explique toutefois par l'intégration de deux éléments exceptionnels : une dépréciation de la valeur des actifs dans les activités de marchés et de services aux investisseurs pour 684 millions d'euros, et une charge liée à la dépréciation d'impôts différés pour 650 millions.
« Ces charges comptables n'occasionnent pas de pertes opérationnelles et n'ont donc pas d'incidence sur le capital », a précisé Frédéric Oudéa, le directeur général du groupe lors d'une conférence téléphonique.
Hors éléments exceptionnels, le résultat net part du groupe s'élève à 70 millions d'euros. La structure financière de la banque reste solide, avec un ratio de fonds propres (CET 1) à 12,5 %.
Les produits structurés encore à la peine
La banque de financement et d'investissement demeure la source des problèmes. La division a continué de souffrir au deuxième trimestre d'un « environnement de marché exceptionnel », indique la banque, malgré des performances record pour les activités de « fixed income » (taux, change).
Dans le trading actions, Société Générale a vu son chiffre d'affaires plonger de 79 %, avec des conditions à nouveau défavorables dans les produits structurés en avril et en mai. La revue stratégique entamée au premier trimestre pour rendre ce portefeuille de produits plus simple et moins risqué est en passe d'être finalisée. Elle occasionnera une baisse de revenus annuels comprise entre 200 et 250 millions d'euros, a indiqué le groupe.
Dans le même temps, Société Générale compte améliorer la rentabilité de sa division avec un nouveau programme de réduction de coûts, qui pourrait faire gagner 450 millions d'euros d'ici à 2022-2023.
Baisse des coûts
L'activité dans la banque de détail en France porte aussi les stigmates de la crise et des six semaines de confinement au deuxième trimestre, avec une baisse des revenus de 12 %. « La production de crédits a été particulièrement concentrée sur les prêts garantis par l'Etat (PGE), avec un ralentissement de la production sur les autres catégories », explique le groupe. Là aussi, depuis mi-mai, l'activité reprend progressivement pour s'approcher des niveaux moyens de l'an dernier.
Les activités de banque de détail à l'international et les services financiers (assurances…) demeurent les plus résilientes, avec une baisse du chiffre d'affaires « limitée » à 10,8 %.
La baisse d'activités constatée au premier semestre dans tous les métiers s'est néanmoins accompagnée d'importants efforts en termes de réduction de coûts. Les frais généraux ont reculé de 9,6 % au deuxième trimestre par rapport à l'an dernier, une bonne nouvelle saluée par les analystes financiers, qui n'en attendaient pas tant.
« Le groupe va poursuivre l'adaptation de ses activités au nouvel environnement post-crise du Covid, prolongeant notamment les efforts de réduction de ses coûts », a prévenu Frédéric Oudéa. A fin 2020, les frais de gestion s'élèveront à 16,5 milliards d'euros, soit une baisse de 1,1 milliard en deux ans.
« Avec les résultats de ce premier semestre, nous tournons une page. Même si l'environnement demeure très incertain, beaucoup de nouvelles sont désormais derrière nous », assure le patron de Société Générale, qui prépare d'ores et déjà le plan stratégique 2021-2023.
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