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Coronavirus : Faut-il laisser les commerces « non-essentiels » ouverts en cas de reconfinement ? - 20 Minutes

Une file d'attente devant un magasin à Lyon, pendant les soldes d'hiver 2021. — KONRAD K./SIPA
  • Avec des contaminations au Covid-19 toujours nombreuses et la menace des variants, l’hypothèse d’un troisième confinement se précise de plus en plus.
  • Les représentants du patronat plaident pour que les commerces restent ouverts.
  • D’autres estiment qu’il faut limiter au maximum les interactions sociales.

Il n’est pas encore là, mais tout le monde en parle déjà. Depuis que le gouvernement a astucieusement, via le JDD, fait « fuiter » l’hypothèse d’un troisième confinement dès cette semaine, le sujet est devenu d’une brûlante actualité. Et chacun tente de se positionner pour influencer les décisions qui seront prises en cas de nouveau tour de vis.

Parmi ces lobbyistes qui font entendre leurs voix dans les médias, on trouve le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. Le « patron des patrons » est venu ce lundi sur BFM pour défendre sa boutique. Enfin, les boutiques de manière générale : « On a appris des reconfinements précédents (…) qu’on pouvait rester ouverts sans provoquer de contamination. Et donc ce qu’on demande (…) c’est laisser tous les commerces ouverts et (…) ne pas retomber dans ce débat « commerces essentiels » et « non essentiels » ». La question avait déjà provoqué des remous en octobre, lorsque plusieurs communes avaient tenté de se rebeller en autorisant – vainement – l’ouverture de commerces qui devaient normalement fermer. Alors quels sont les arguments « pour » et « contre » ? 20 Minutes fait le point.

« Pour » : Empêcher le naufrage économique sans risque de flambée épidémique

Pour Pierre Goguet, président de CCI France, qui fédère les chambres de commerces et d’industrie, il est impossible d’envisager un nouveau confinement sans aménagement. « Il faut que l’on puisse fonctionner, plaide-t-il. Les commerçants sont économiquement et moralement en danger. Pour certains, c’est une vie de travail qui est en jeu ». Il demande donc « des dérogations au-delà de 18h pour les restaurants, afin d’aller chercher les plats à emporter, car le couvre-feu a fait fortement baisser leur chiffre d’affaires ». Autre requête : « nous venons de démarrer une période de soldes qui doivent durer un mois. Si on ferme les magasins au bout d’une semaine, cela va gravement compromettre la suite de l’année ».

Concernant les éventuels risques sanitaires, Pierre Goguet assure qu’ils sont déjà réduits au maximum : « chaque commerce a déjà mis en place le protocole sanitaire strict, avec les masques, le gel, le comptage, la distanciation. On ne peut pas faire plus ». Par ailleurs, affirme-t-il, « il n’a pas été démontré que l’ouverture des magasins conduisait à une multiplication des contaminations ».

De fait, dans son avis du 13 janvier 2021, le Conseil scientifique reconnaissait qu’il était « difficile » de mesurer l’impact d’une fermeture des commerces sur l’épidémie, car « les interventions (le port des masques, la fermeture des écoles, la fermeture des commerces, des bars et restaurants…) sont bien souvent mises en œuvre de façon combinée, si bien qu’il est difficile de différencier l’impact de chaque mesure ».

« Fermer les commerces non-essentiels, comme les coiffeurs, les pressings ou les librairies, ne serait pas d’une grande efficacité. Ce ne sont pas des lieux où se forment les clusters », assurait pour sa part Antoine Flahaut, professeur de santé publique et directeur de l’Institut de santé globale de l’université de Genève, dans une interview fin octobre sur CNews.

« Contre » : Réduire les interactions sociales

Pour le sociologue Jean Viard, la colère des commerçants est légitime, mais elle passe à côté d’un point essentiel. « Il faut diminuer les interactions sociales, assure-t-il à 20 Minutes. Si vous laissez les écoles ouvertes et qu'il faut encore aller au travail, il ne reste plus grand chose à fermer à part les commerces ».

Il développait un propos similaire dans une interview à Ouest France début novembre: « Ce n’est pas forcément quand on est dans la libraire qu’on prend le plus de risques, parce qu’effectivement il y a des règles mises en place, mais c’est l’ensemble du système qui peut être dangereux. Parce que l’on sort, on rencontre des personnes, on parle avec elle… Et, c’est dans ce lien social de proximité que l’on trouve la maladie ».

C’est aussi la ligne que défendait le gouvernement lors du second confinement de 2020. Interpellé au Sénat sur le sujet début novembre, le secrétaire d’État Cédric O avait expliqué la logique de l’exécutif : « nous devons faire en sorte de réduire le taux de reproduction du virus (…). Il faut donc diviser par deux les interactions sociales des Français (…) Si nous avions (…) laissé l’ensemble des commerces ouverts, le confinement serait alors revenu exactement à fermer les seuls bars et restaurants. C’est avec une extrême difficulté, mais aussi un grand sens de la responsabilité, que nous avons pris cette décision consistant à limiter les déplacements des Français, qui voient et côtoient d’autres personnes dans les commerces. »

Quitte à agir, autant alors le faire vite et fort, prône quant à lui Eric Caumes, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Il reconnaissait certes, ce lundi sur RMC, que « les politiques doivent tenir compte de la variable sociale, économique. Les intérêts ne sont pas les mêmes des deux côtés ». Mais de manière sanitaire, la logique veut, selon lui, un reconfinement « dur » et « court », comme en mars 2020 : « Il faudrait confiner de manière rigoureuse dès maintenant pendant quatre semaines qu’avoir un confinement mou qui va durer des semaines ». Sous-entendu : fermer les commerces jugés non essentiels. Reste à voir si le gouvernement conservera cette stratégie s’il annonce un confinement dans les prochains jours.

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