Covid : AstraZeneca ne livrera à l'Europe qu'un tiers des vaccins promis d'ici juillet - Les Échos

Décidément, c'est une histoire compliquée entre Bruxelles et AstraZeneca. Le laboratoire anglo-suédois devrait une nouvelle fois annoncer une réduction des livraisons de doses promises de son vaccin contre le Covid-19 en Europe au premier semestre.

Dans le détail, celles-ci seraient ramenées à 30 millions de doses à fin mars, contre 120 millions annoncés le mois dernier, selon un document ayant circulé parmi les responsables de l'Union européenne. Par ailleurs, des données basées sur des projections de livraison pour un Etat membre et consultées par Bloomberg montrent qu'AstraZeneca ne sera en mesure de fournir que 70 millions des 180 millions de doses contractuelles au second trimestre.

Difficultés de production

Sur l'ensemble du premier semestre, le laboratoire anglo-suédois ne livrerait que 100 millions des 300 millions de doses attendues par Bruxelles. Le géant pharmaceutique n'a, de toute évidence, pas réussi à compenser ses difficultés de production du début. Fin janvier, sous la pression de Bruxelles, AstraZeneca expliquait faire face au rendement insuffisant d'une des lignées cellulaires utilisées par son sous-traitant belge, Novasept.

Jeudi, la Commission européenne a tancé le laboratoire, Thierry Breton martelant sur Twitter que ses efforts n'étaient pas encore suffisants et appelant les membres du conseil d'administration du groupe à exercer leur responsabilité fiduciaire pour faire en sorte qu'AstraZeneca respecte ses engagements.

AstraZeneca #vaccines delivery : I see efforts, but not "best efforts".

That's not good enough yet for @AstraZeneca to meet its Q1 obligations.

It's time for AstraZeneca's Board to exercise its fiduciary #responsibility and now do what it takes to fulfil AZ's commitments.

— Thierry Breton (@ThierryBreton) March 11, 2021

Le mois dernier, le groupe dirigé par le français Pascal Soriot annonçait chercher à compenser la perte en expédiant des doses d'ailleurs, y compris des sites de production aux Etats-Unis. Ses efforts n'ont pas abouti. Le groupe ferait notamment face à des interdictions d'exportation outre-Atlantique mais aussi de l'Inde. Enfin, il y aurait « des obstacles contractuels à l'envoi de doses depuis le Royaume-Uni », croit savoir le coordinateur suédois des vaccins, Richard Bergstrom, dans une interview accordée à une chaîne de télévision suédoise.

Blocage de l'Italie

Ces nouvelles prévisions sur les capacités de livraison d'AstraZeneca coïncident avec la décision, la semaine dernière, de l'Italie de suspendre l'envoi à l'Australie d'un stock de vaccins produits près de Rome. Soutenue par Bruxelles, cette mesure s'inscrit dans le cadre du contrôle par l'Union européenne des exportations de vaccins fabriqués sur son sol, un dispositif mis en place début février et qui a été officiellement prolongé jeudi à fin juin.

Vendredi, la Commission européenne a remis la pression sur le groupe. Interrogé pour savoir si AstraZeneca était très loin de ses objectifs, le porte-parole de l'institution, Eric Mamer, a répondu par un « oui » sans ambiguïté. « Il est absolument clair que des efforts supplémentaires sont nécessaires de la part de l'entreprise », a-t-il encore déclaré.

Le vaccin d'AstraZeneca est par ailleurs au centre d'une controverse, plusieurs pays ayant suspendu les injections de certains lots après la découverte de troubles de la coagulation parmi des personnes vaccinées. Toutefois, l'Agence européenne du médicament, l'OMS et l'Agence nationale française de sécurité du médicament considèrent qu'il n'y a pas lieu d'interrompre la vaccination avec AstraZeneca.

Sur un autre front, la frustration se manifeste déjà au sujet du vaccin du laboratoire Johnson & Johnson, qui vient d'être approuvé par l'Agence européenne du médicament. Celui-ci ne sera livré dans l'Union européenne qu'à partir de la mi-avril au plus tôt. Un constat d'autant plus amer que des doses auraient été expédiées, depuis les Pays-Bas vers les Etats-Unis, avant la mise en place du contrôle européen des exportations. Cela n'empêche pas Bruxelles de maintenir un objectif de 300 millions de livraisons de vaccins, tous laboratoires confondus, au cours du second trimestre 2021.

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