
Des compagnies aériennes du monde entier se sont engagées à atteindre « zéro émission nette de CO2 » d’ici à 2050 pour lutter contre le réchauffement climatique, lors de l’assemblée générale de l’Association internationale du transport aérien (IATA), lundi 4 octobre.
Cet objectif « audacieux » est aussi une « nécessité », qui devrait « assurer la liberté de voler des générations futures », a plaidé le directeur général de l’association, Willie Walsh, face aux dirigeants du secteur réunis à Boston, aux Etats-Unis. L’IATA, qui revendique 290 compagnies membres, représentant 82 % du trafic aérien mondial avant la pandémie de Covid-19, emboîte ainsi le pas au secteur aérien européen, qui a épousé les objectifs de l’Union européenne en la matière.
Pour parvenir à « zéro émission nette », l’aérien – dont les émissions représentent actuellement quelque 3 % du total mondial – compte sur des carburants renouvelables, des avancées technologiques comme des aéronefs électriques ou fonctionnant à l’hydrogène, mais aussi sur la capture de carbone et des mesures de compensation. Ces dernières sont, toutefois, décriées par les défenseurs de l’environnement, car inefficaces selon eux.
Un « défi » dans un « moment difficile »
« Nombreux sont ceux dans cette salle, individuellement ou en tant que groupes, qui ont déjà franchi cette étape », a constaté M. Walsh. « Pour d’autres, ce sera un défi supplémentaire à un moment très difficile », le secteur aérien ayant été très durement touché par la pandémie.
Les compagnies devraient en effet essuyer une perte mondiale cumulée de 51,8 milliards de dollars en 2021 en raison du Covid-19 et rester dans le rouge en 2022 avec une perte toutefois réduite à 11,6 milliards. Ces prévisions, publiées lundi, sont plus pessimistes que celles diffusées en avril, quand l’IATA s’attendait à une perte de 47,7 milliards cette année. L’association a aussi révisé à la hausse la perte subie par les compagnies en 2020, à 137,7 milliards, contre 126,4 milliards précédemment évoqués.
La situation reste néanmoins très contrastée selon les grandes zones d’activité : les compagnies américaines, qui bénéficient d’un solide marché intérieur, seront « les seules en territoire financier positif en 2022 avec un bénéfice attendu de 9,9 milliards de dollars », selon l’IATA. De leur côté, les compagnies européennes, davantage dépendantes des réseaux long-courriers, encore paralysés par les fermetures de frontières et les restrictions, resteront nettement déficitaires en 2022 avec une perte prévue de 9,2 milliards de dollars, toutefois divisée par deux par rapport à 2021 (20,9 milliards).
Réticences chinoises
Ce nouvel engagement concernant les émissions de CO2 est pris douze ans après que l’IATA a présenté un premier plan de réduction des émissions de dioxyde de carbone des compagnies aériennes, de 50 % d’ici à 2050 par rapport au niveau de 2005. Preuve de la bonne foi des compagnies, selon M. Walsh, celles-ci ont depuis investi « des centaines de milliards de dollars dans des avions plus économes en carburant, et la consommation moyenne des flottes a baissé de plus de 20 % en une décennie ».
« Mais la science nous dit que la situation est encore plus urgente que nous le pensions », et l’objectif d’il y a douze ans « n’est tout simplement pas assez ambitieux », a concédé M. Walsh.
Le durcissement de ces objectifs, avec l’horizon du « zéro émission nette de CO2 » d’ici au milieu du XXIe siècle, n’a pas donné lieu à un vote, conformément aux statuts de l’IATA, mais a été adopté par consensus, aucune compagnie membre n’ayant formulé d’objection ferme qui aurait bloqué l’adoption. Le processus a néanmoins été marqué par des remarques de compagnies chinoises, qui ont souligné que l’objectif de 2050 n’était pas cohérent avec celui adopté par le gouvernement de Pékin, qui vise, pour sa part, une neutralité carbone en 2060.
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