Ce week-end, Elon Musk a encore fait des siennes sur Twitter. Le patron de Tesla et de Space X, jamais à une provocation près, a lancé une grande consultation pour savoir s’il devait ou non vendre 10 % de ses 107,5 millions actions (chiffre au 30 juin).
Plus de 3,5 millions d’utilisateurs de Twitter ont participé au vote et, à 57,9 %, ils ont approuvé cette vente qui rapporterait, selon les calculs de Reuters, près de 21 milliards de dollars (18,17 milliards d’euros), au cours de clôture vendredi de la Bourse de New York.
Elon Musk n’avait de toute façon pas vraiment le choix puisqu’il devrait s’acquitter, d’ici à 2022, auprès du fisc américain d’un prélèvement allant jusqu’à 15 milliards de dollars (12,9 milliards d’euros) et correspondant à la plus-value sur ses stock-options.
CNBC a fait le calcul : Musk avait, en 2012, reçu 22,8 millions de stock-options de Tesla alors que l’action était à 6,24 dollars. Elle vaut aujourd’hui plus de 1 220 dollars, soit un gain de 28 milliards de dollars. Le droit fiscal américain impose un prélèvement total de plus de 54,1 % sur la plus-value effectuée. Soit près de 15 milliards de dollars.
Mi-provocateur, mi-calculateur
Elon Musk s’est offert un coup de pub pour disposer d’une somme dont il aura besoin pour régler le fisc dans son style habituel : mi-provocateur, mi-calculateur. Au passage, son sondage sur Twitter a fait perdre 4,9 % de sa valeur à l’action Telsa.
Cela n’affole pas Musk. Aujourd’hui, Tesla pèse, sur les places boursières, cent fois plus que Renault. Elle est depuis le 1er juillet 2020, l’entreprise automobile la plus chère en Bourse.
Lundi 25 octobre, la marque de véhicules électriques a terminé pour la première fois une séance boursière au-delà des 1 000 milliards de dollars de capitalisation. Un cap franchi seulement par cinq valeurs avant elle et salué par son patron par… un tweet au jeu de mots intraduisible.
Sentiment d’impunité. Mégalomanie. Elon Musk n’aime rien tant que de jouer les iconoclastes. « Elon Musk n’est qu’un troll de Twitter, qui se trouve aussi être la personne la plus riche du monde », estime ainsi l’économiste Robert Reich, professeur à Berkeley, qui fut secrétaire au Travail sous Clinton.
« C’est un narcissique à la recherche d’attention, un homme de spectacle », abonde Christopher Smith, professeur de communication à l’université de Californie du Sud. Il estime que Musk a su « se créer un personnage de hors-la-loi, de marginal, qui résonne très bien avec l’entre-soi masculin de la tech ».
Des tweets censés être relus par le service juridique de Tesla
La preuve ? En mai 2020, il se fend d’un tweet où il explique que le cours de l’action Tesla est trop élevé. Résultats ? Elle plonge de 10,3 % à Wall Street.
Des milliards de capitalisation partent en fumée. L’autorité des marchés financiers, la Securities and Exchange Commission (SEC), se saisit du dossier. Elle a Musk dans le collimateur depuis au moins deux ans. En 2018, elle a infligé une amende de 20 millions de dollars au PDG de Tesla après que celui-ci a envisagé, toujours sur Twitter, de retirer Tesla de la Bourse.
L’affaire avait fait grand bruit et Elon Musk avait dû quitter son poste de président du conseil d’administration. Depuis, il a l’obligation de faire approuver ses tweets par les avocats de son entreprise avant de le publier. Mais la SEC doute que cela soit le cas.
Outre celui sur l’action trop élevé, l’autorité a aussi épinglé un tweet de juillet 2019 où Musk écrit espérer « pouvoir fabriquer environ 1 000 panneaux solaires par semaine d’ici la fin de l’année ».
La pluie et le beau temps sur les marchés boursiers
Mais tout cela n’a jamais entamé la foi de certains en Elon Musk. L’action Tesla figure depuis plusieurs années parmi les plus populaires chez les petits porteurs américains.
Et les intuitions ou lubies du milliardaire peuvent provoquer des séismes. Il a suffi qu’il annonce ainsi, en mai 2021, que Tesla renonçait aux achats par bitcoin, jugé trop dangereux pour l’environnement, pour que le cours de la cryptomonnaie plonge de 15 %.
S’il fait la pluie, Musk peut aussi faire le beau temps. En janvier 2021, il écrit qu’il apprécie le site de vente en ligne Etsy. De manière quasi instantanée, le cours de Bourse d’Etsy augmente, ouvrant 18 % plus haut qu’au moment de la fermeture à Wall Street.
Tout cela grâce… à l’un des chiens d’Elon Musk. Il ne s’agit pas, pour le milliardaire, de donner un quelconque tuyau boursier, mais juste de dire qu’il était content des services de la société après avoir acheté un bonnet en laine tricoté à la main pour son animal.
Le mauvais Signal
Autre exemple, le 7 janvier, le patron de Tesla vante les mérites de la messagerie cryptée américaine Signal. « Utilisez Signal » tweete-t-il, en réaction à la nouvelle politique de confidentialité de WhatsApp.
Une société basée au Texas, et baptisée Signal Advance, voit son action en bourse grimper de 527 % le jour même et de 91 % le lendemain. L’entreprise qui fournit des services aux travailleurs médicaux et juridiques voit sa capitalisation boursière passée à 660 millions de dollars, contre 55 millions avant le message d’Elon Musk.
Quant à la messagerie Signal, organisation à but non lucratif qui n’est donc pas cotée en Bourse, elle gagne toute de même au passage un afflux de nouveau utilisateurs.
Avec ses 63 millions d’abonnés sur Twitter, Elon Musk est un sacré influenceur. En plus d’être l’un des hommes les plus riches de la planète. Il lui est même arrivé de doubler Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, à la place de numéro 1. Tout dépend, en fait, du cours de l’action de Tesla. Et donc un peu des tweets de son fondateur…
![Elon Musk en juin 2019 à Los Angeles.]({"src":"https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMTExZjViODg5YmQ4YmMwNDk5MTZiOTRkY2UxY2IwMDNjMDc?width=320&height=180&focuspoint=50%2C25&cropresize=1&client_id=bpeditorial&sign=93adbcc3af75589df9f12213117be4f6c45830f7bb48a3adecb4b96c4a2d7e5e"})
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