Au lendemain de sa condamnation dans l'affaire Tapie, qui l'a obligé à rendre son tablier de PDG d'Orange, il ne cache pas sa « colère ». Sur les ondes de France Inter, ce jeudi matin, Stéphane Richard a fait part de son « incompréhension » suite à cette décision de justice. Reconnu coupable de « complicité de détournement de fonds publics » dans l'affaire de l'arbitrage entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais de 2008, laquelle avait permis à l'homme d'affaires décédé d'empocher plus de 400 millions d'euros, le dirigeant estime faire les frais d'un choix qui ne venait pas de lui. Directeur de cabinet de la ministre de l'Economie Christine Lagarde au moment des faits, il rappelle qu'il n'a pas participé à l'arbitrage frauduleux. Et, surtout, que la décision de recourir à ce procédé pour solder le contentieux ne venait pas de lui.
Il s'agissait, à l'époque, « d'une décision technique et politique », insiste-t-il. « Tout le monde voit bien que ce n'est pas de moi que vient cette idée », déclare-t-il. Manière de renvoyer la balle au gouvernement de l'époque, et notamment à Christine Lagarde et à Nicolas Sarkozy, alors à l'Elysée. « Est-ce qu'il est normal qu'un directeur de cabinet, dans un système comme celui-là, paye effectivement les conséquences de cette décision ?, lance-t-il. Moi, je ne crois pas. »
Pas sûr sur l'Etat balaye l'option d'un PDG
Quoi qu'il en soit, et même s'il se pourvoit en cassation, cette décision de justice l'oblige à jeter l'éponge. Après onze ans à la tête de l'opérateur historique, Stéphane Richard quittera Orange au plus tard le 31 janvier. Selon nos informations, l'Etat, premier actionnaire de l'opérateur, n'a pas souhaité le laisser aller jusqu'à la fin de son mandat en mai prochain. Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, avait indiqué qu'il devrait s'en aller en cas de condamnation. D'un point de vue politique, le gouvernement veut surtout éviter d'être accusé de favoriser les puissants, dans un contexte de défiance envers les élites politiques et économiques. Cela dit, la campagne pour la succession de Stéphane Richard est maintenant ouverte.
Les cartes sont totalement rebattues. En cas de relaxe, Stéphane Richard souhaitait rester à la gouvernance d'Orange, mais seulement en tant que président. Il aurait fallu, dans ce schéma, lui adjoindre un directeur général. Ces dernières semaines, l'hypothèse d'une personne venue de l'extérieur semblait privilégiée, afin de préserver une distance entre les deux fonctions. Ce scénario a, bien sûr, volé en éclat.
Dulac, Fernandez, Trabbia et Fallacher, les favoris en interne
Pour la relève, tout dépendra des desiderata de l'Etat. Aujourd'hui, l'exécutif se montre globalement favorable, dans les entreprises où il est au capital, à une dissociation des fonctions entre la présidence et la direction générale. Mais il n'est pas du tout dit, dans le cas d'Orange, qu'il balaye l'option d'un PDG s'il trouve une personne qui lui convient. Un nom revient systématiquement : celui de Nicolas Dufourcq, le DG de Bpifrance. Son intérêt pour Orange ne date pas d'hier. Il pourrait profiter du départ de Stéphane Richard pour tenter sa chance.
D'autres noms circulent depuis des mois. En interne, celui de Fabienne Dulac figure en bonne position. Patronne d'Orange France, elle est a la responsabilité du premier marché de l'opérateur, et connaît tous les rouages de la maison. Ramon Fernandez, le directeur financier, a aussi des ambitions. Il a eu certains désaccords avec Stéphane Richard dans différents dossiers ces derniers mois. Sa position et son ancienneté lui offrent une solide légitimité. Il y a également Michaël Trabbia, le directeur de l'innovation. Lui est un fidèle de Stéphane Richard, dont il a été directeur de cabinet de 2014 à 2016. Des affaires publiques à la direction d'Orange Belgium, cela fait dix ans qu'il enchaîne les responsabilités chez l'opérateur. Citons également Jean-François Fallacher, à la tête de l'Espagne, qui fait figure d'« homme des situations difficiles ».
Certains anciens pourraient sortir du bois
Certains « ex » d'Orange pourrait aussi tenter un « come back ». A l'instar de Pierre Louette, ancien directeur général délégué d'Orange, qui a quitté le groupe en 2018 pour devenir PDG du groupe Les Echos-Le Parisien. Son nom était à l'époque cité pour prendre la suite de Stéphane Richard. Il y a aussi Delphine Ernotte, ancienne patronne d'Orange France et désormais à la tête de France Télévisions. Elle ambitionnait également, il y a plusieurs années, d'être calife à la place du calife. Même si elle a récemment déclaré au journal Le Monde qu'elle se sentait « très bien » à France Télévisions. Les paris sont ouverts.
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