
La vente d'autotests en grandes surfaces ne remet pas en question «dans la durée» le monopole des pharmacies, a assuré de son côté le ministre de la Santé.
Après avoir pris de court les pharmaciens mardi, en permettant «à titre exceptionnel» la vente d'autotests en supermarchés jusqu'au 31 janvier prochain, Olivier Véran a tenté ce mercredi de rassurer une profession aussi surprise que remontée contre cette décision. «C'est une dérogation, mais en aucun cas cela ne doit contrevenir dans la durée à la question du monopole pharmaceutique pour les dispositifs médicaux», a-t-il déclaré devant la commission des Lois de l'Assemblée nationale.
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L'Ordre des pharmaciens avait qualifié plus tôt dans la journée d'«incompréhensible et risquée» cette décision du gouvernement. «C'est une décision très surprenante dans la mesure où elle change complètement la stratégie française de dépistage» s'inquiète le président du FSPF, une fédération de syndicats de pharmaciens, Philippe Besset, interrogé par Le Figaro.
Jusqu'ici, la stratégie de l'exécutif tenait au triptyque « tester, alerter, protéger». Les individus venaient se faire tester auprès d'un professionnel de santé qui, en cas de test positif, entrait le résultat dans une base de données. Les personnes cas contacts en étaient alors informées afin qu'elles se fassent elles-mêmes tester. Cette procédure «n'est pas possible si les personnes s'autotestent» avertit Philippe Besset. Conséquence : «le nombre de positifs va diminuer puisqu'on ne va plus les tracer» alerte-t-il.
Décision prise sans crier gare
Étoffer l'arsenal médical à ce stade de l'épidémie n'est «pas forcément une mauvaise chose, » précise le pharmacien. En effet, il y voit un intérêt potentiel sur des personnes ni symptomatiques ni cas contacts. Dans ce cas, les autotests ne peuvent que déceler des contaminations supplémentaires par rapport à celles qui auraient de toute façon été enregistrées. Dans les autres cas, c'est-à-dire dans le cas de personnes qui jusqu'à présent se seraient fait tester en pharmacie, les contaminations révélées par les autotests passeront sous les radars.
«Si vous changez de stratégie, il faut le dire» clairement, continue le pharmacien. Or, l'exécutif n'a pour l'instant fait part d'aucun changement dans sa stratégie globale. D'ailleurs, de nombreuses consignes demeurent floues à ce stade : « nous, personnels de santé, ne savons toujours pas quel est le protocole d'isolement avec Omicron, ni quoi répondre aux personnes vaccinées qui sont cas contacts pour Omicron».
Si la décision d'autoriser la vente en grandes et moyennes surfaces étonne autant les pharmaciens, c'est aussi parce que ceux-ci n'en ont pas été avertis avant la parution de l'arrêté gouvernemental dans le Journal Officiel. Depuis deux ans, les mesures sanitaires étaient d'abord soumises à concertation avec les professionnels de santé et les autorités sanitaires, puis le Ministre de la santé exposait la stratégie globale du gouvernement et, seulement après, la décision paraissait dans le Journal Officiel. «Là, l'arrêté est apparu sans rien de tout ça» insiste le président du FSPF.
Le ministre s'est défendu en expliquant avoir procédé par arrêté afin que la mesure «soit immédiatement applicable, parce que ce qui compte c'est la période du 31 (décembre) et les jours qui vont suivre», affirmant que cette autorisation «prendra fin au plus tard à la fin du mois de janvier». Les officines «ont distribué plus d'autotests en quelques jours que sur les six derniers mois», environ 6 millions la semaine de Noël, a précisé le ministre. En ajoutant les 7,3 millions de tests PCR et antigéniques réalisés sur la même période, «on est monté à plus de 13 millions de tests», a-t-il souligné. Dans ce contexte, «un certain nombre de pharmacies nous ont signalé qu'elles étaient en rupture» de stocks d'autotests, tandis que «de l'autre côté des acteurs de la grande distribution (en) avaient acheté et ont dit pouvoir les mettre à disposition», a ajouté Olivier Véran.
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