Il flottait comme un parfum de fin de règne dans les couloirs clairsemés de Bercy ce vendredi 7 janvier. Télétravail oblige, de nombreux fonctionnaires ont déserté les immenses bâtiments du 12e arrondissement proches de la Seine. Après cinq années tumultueuses aux manettes de l'économie française, le ministre des Finances Bruno Le Maire a dressé, lors de ses voeux à la presse, le bilan de son mandat tout en esquissant ses projets si Emmanuel Macron est réélu à la prochaine présidentielle en avril prochain.
"Le quinquennat a été marqué par une transformation importante de l'économie. Cette transformation a été bouleversée par la pandémie. Il faut dorénavant revenir sur les rails de cette transformation. Mon mandat en 2017 était de rendre l'économie plus compétitive et plus attractive", a affirmé le ministre devant quelques journalistes réunis dans le centre de conférences Pierre Mendès France. Alors qu'Omicron continue d'affoler les compteurs des contaminations, Bruno Le Maire se retrouve à devoir encore gérer l'impact des différents variants sur l'économie française.
Pouvoir d'achat : le dossier brûlant des prix de l'énergie
La fièvre des prix de l'énergie, des matières premières et de l'alimentaire reste un dossier brûlant pour le ministre de l'Économie. À moins de 100 jours du premier tour du scrutin présidentiel, le gouvernement est sous pression pour tenter de limiter l'impact de ces hausses de prix sur le porte-monnaie des Français.
"C'est politiquement dangereux. En 2021, il n'y a pas eu de hausse des factures d'électricité pour les Français. Beaucoup d'entreprises électro-intensives peuvent se retrouver en forte difficulté économique. Nous cherchons une solution pour plafonner les prix de l'électricité à 4% en 2022. Cette explosion des prix de l'électricité n'est pas soutenable pour les ménages et les entreprises", a déclaré le ministre des Finances.
Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee a d'ailleurs prévu une baisse du pouvoir d'achat par unité de consommation d'environ 0,5% au cours du premier semestre 2022. Ce qui pourrait assombrir le bilan du gouvernement qui s'acharne depuis le mois de septembre dernier à défendre ses actions en matière de pouvoir d'achat.
Après avoir multiplié les chèques au cours de l'automne (chèque énergie, chèque inflation), l'exécutif pourrait annoncer dans les prochains jours de nouvelles mesures destinées à amortir la hausse des prix qui s'éternise plus longtemps que prévu.
En ce qui concerne les hausses de salaires dans le secteur privé, le locataire de Bercy s'est montré "favorable à des augmentations dans les branches qui ont des difficultés de recrutement comme le HCR (hôtel, café et restaurant). En revanche, je ne suis pas favorable à une hausse généralisée du SMIC", a-t-il poursuivi.
Réindustrialisation : baisse des impôts de production et des cotisations au-delà de 2,5 SMIC
Deux années après l'arrivée du virus sur le Vieux Continent, l'industrie européenne continue de trembler. Les derniers chiffres du commerce extérieur dévoilés par les douanes ce vendredi indiquent que le déficit commercial tricolore a plongé à un niveau record en novembre à 9 milliards d'euros. La hausse des prix de l'énergie en fin d'année a largement contribué à aggraver la balance commerciale hexagonale.
"En volume, les importations n'auraient augmenté que de 2,6% depuis le début de l'année 2021, contre 20,1% en valeur", rappellent les douanes dans un communiqué.
De son côté, le ministre de l'Economie a réaffirmé que la réindustrialisation de la France devait être "la priorité" des prochaines années.
"La France ne peut pas garder une balance commerciale déficitaire. La faiblesse de notre commerce extérieur est le reflet des faiblesses de notre économie domestique. C'est une désertion industrielle à laquelle nous avons assisté depuis trente ans", a-t-il regretté. Il a notamment pointé que "le concept d'industrie sans usine est une foutaise", rappelant que les dirigeants d'entreprise avaient également "leur part de responsabilité dans les délocalisations".
Puis le ministre lançait cet avertissement:
"La France a le taux de délocalisation le plus élevé dans les pays développés. C'est un mauvais modèle qui appauvrit les Français. Lorsqu'une usine ferme, il y a une permanence du Rassemblement National qui ouvre."
Face à cette désindustrialisation galopante, Bruno Le Maire veut poursuivre sans surprise la politique de l'offre menée depuis le début du quinquennat. Il veut notamment continuer la baisse des impôts de production en s'attaquant à la C3S (Contribution sociale de solidarité des sociétés) qui contribue au financement de l'assurance vieillesse. La baisse des impôts de production réclamée par une partie du patronat pourrait fragiliser le financement du modèle de protection sociale. Le ministre des Finances a également ouvert le débat sur les baisses de cotisations pour les salaires au dessus de 2,5 SMIC.
France 2030 : un plan d'investissement toujours sans gouvernance
Le plan d'investissement France 2030 a décidément du plomb dans l'aile. Alors que le président de la République avait promis, lors d'un discours fleuve à l'Élysée en octobre, de présenter une gouvernance de cette enveloppe de 30 milliards d'euros au début du mois de janvier, la question est loin d'être tranchée.
Interrogé sur ce point, Bruno Le Maire ne s'est pas montré satisfait des pistes avancées. "Les propositions sur la gouvernance de France 2030 sont démodées. Ce n'est pas une question de personnalité, mais c'est la structure qui ne va pas. À chaque fois, on me propose une structure avec beaucoup de technocrates. La vraie question est de s'interroger sur le lien entre la recherche et l'industrie. Comment fait-on le lien entre recherche fondamentale et reconquête industrielle ? Si la gouvernance est du 20e siècle et pas du 21e siècle, je ne serai pas convaincu et je ne ferai pas de proposition au président de la République", a-t-il déclaré. En attendant, la campagne présidentielle pourrait prendre le pas sur cette décision.
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