Credit Suisse déstabilisé après la démission de son nouveau président - Les Échos

Publié le 17 janv. 2022 à 8:48Mis à jour le 17 janv. 2022 à 18:05

Il était venu restaurer la confiance après une série de scandales. Neuf mois plus tard, Antonio Horta-Osorio, le président du conseil de Credit Suisse, a démissionné après avoir enfreint les règles de quarantaine liées à l'épidémie de coronavirus , a annoncé la banque lundi matin, soulevant des questions sur sa nouvelle stratégie.

Cette démission intervient après une enquête interne demandée par le conseil d'administration de la deuxième plus grande banque de Suisse, et moins d'un an après qu' Antonio Horta-Osorio a été chargé de repenser la culture d'entreprise de la banque , fragilisée par les scandales Archegos et Greensill .

« Je regrette que certaines de mes actions aient entraîné des difficultés pour la banque et compromis ma capacité à la représenter en interne et en externe », a-t-il déclaré. En arrivant en avril dernier de la banque britannique Lloyds, auréolé d'une image de redresseur , il avait annoncé vouloir insuffler une culture de « responsabilité individuelle ».

Rumeurs de rapprochement

La presse avait ensuite rapporté qu'Antonio Horta-Osorio avait assisté en juin à la finale du tournoi de tennis de Wimbledon alors qu'il aurait dû respecter une quarantaine au Royaume-Uni. Il avait ensuite enfreint les restrictions suisses en novembre. « Cela commençait à faire mauvais genre », grince un banquier zurichois.

Sa démission, intervenue au lendemain de l'expulsion par l'Australie de Novak Djokovic suite à un bras de fer sur son statut vaccinal, illustre la sensibilité du sujet pour la gouvernance des groupes. Mais elle intervient aussi sur fond de rumeurs de rivalité entre le banquier portugais et le directeur général suisse, Thomas Gottstein.

La presse s'était même fait l'écho de scénarios soi-disant dessinés par Antonio Horta-Osorio pour adosser le groupe avec son rival suisse UBS, l'italien UniCredit ou encore le français BNP Paribas. De quoi effrayer le microcosme économique helvétique, jaloux de ses deux fleurons bancaires internationaux.

Successeur désigné

« Le roulement continu des équipes de management apporte davantage d'incertitudes », ont réagi lundi les analystes de JP Morgan dans une note, jugeant toutefois peu crédibles ces rumeurs de rapprochement et tablant sur l'autonomie de la banque. Ils ne sont pas seuls à s'inquiéter : Credit Suisse a reculé de près de 2 % lundi en Bourse.

Le groupe est pourtant décidé à éviter tout flottement. Il a nommé Axel Lehmann, ancien vétéran d'UBS et de Zurich Insurance qui a rejoint le conseil de Credit Suisse en octobre, pour prendre immédiatement la succession d'Antonio Horta-Osorio. Il sera proposé à l'élection en tant que président du conseil lors de l'assemblée générale du 29 avril.

« Nous avons fixé la bonne voie avec la nouvelle stratégie et continuerons d'intégrer une culture du risque plus forte dans l'ensemble de l'entreprise, a déclaré Axel Lehmann. En exécutant notre plan stratégique de manière opportune et disciplinée, sans distraction, je suis convaincu que Credit Suisse démontrera la force renouvelée et l'orientation commerciale nécessaires pour générer une valeur durable pour toutes nos parties prenantes. »

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