
La colère ne faiblit pas chez les agriculteurs et les boulangers. L’ensemble de la filière du blé s’est indignée mercredi 12 janvier du lancement par le groupe Leclerc d’une baguette de pain à 29 centimes d’euro. Michel-Edouard Leclerc, patron du groupe, a annoncé mardi qu’il bloquait le prix de la baguette de pain dans ses magasins à ce prix – voire jusqu’à 23 centimes – pendant au moins quatre mois, au nom de la défense du pouvoir d’achat des Français dans un contexte inflationniste.
Un acte considéré comme une déclaration de guerre par l’ensemble de la filière blé. Au lendemain de cette annonce, céréaliers, meuniers et boulangers, ainsi que la FNSEA, premier syndicat agricole, ont dénoncé dans un communiqué commun « des prix volontairement destructeurs de valeurs ». Ils s’indignent d’une annonce « démagogique » alors que « les cours des céréales et par conséquent de la farine connaissent des prix élevés, que les coûts de production (salaires, etc.) progressent fortement et que la moyenne du prix de la baguette en France, en 2021 selon l’Insee, est de 0,90 euro ».
« Démagogie » et « populisme »
Cette annonce, qui survient au moment où les filières et le gouvernement « travaillent pour rémunérer justement les agriculteurs » et où « le savoir-faire et la qualité de la baguette française sont en passe d’être reconnus par l’Unesco », a provoqué un tollé.
« Michel-Edouard Leclerc fait de la démagogie et du populisme, comme il en a l’habitude. Il vend à perte, écrase le travail de ses propres salariés, méprise les boulangers qui se lèvent à 3 heures ou 4 heures du matin chaque nuit pour faire du bon pain et donne un très mauvais signal de destruction de valeur », a renchéri jeudi 13 janvier Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, au micro de BFM-TV.
🎙 "Avec la baguette à 29 centimes, M.-É. Leclerc saigne l'agriculture française. Il tient une responsabilité dans l… https://t.co/5i7vnOscjK
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« Il se révèle aussi, parce que quand il vend sa baguette à 60 ou 70 centimes, il fait une marge considérable. Il faudra qu’il rende des comptes. Sur quels produits va-t-il compenser ? Le lait, les œufs, la papeterie ? Qui va trinquer quand il aura fait son show ? Et d’où vient la farine ? Comment peut-il faire ce prix-là ? », a interrogé la dirigeante du syndicat majoritaire des agriculteurs.
« Préserver l’emploi et la qualité »
« Nous cherchons à préserver l’emploi et la qualité, cela a un coût : il faut rémunérer correctement les acteurs, ceux qui plantent, qui récoltent, qui assemblent les grains et font la farine, et ceux qui fabriquent le pain. Ce que fait Leclerc est honteux », a déclaré mercredi à l’Agence France-Presse Jean-François Loiseau, président de l’Association nationale de la meunerie française.
Alors que les prix du blé ont augmenté d’environ 30 % en un an, M. Loiseau se demande également « où le groupe Leclerc achète sa farine » et « sur quels produits il va compenser ». En outre, Leclerc « casse les prix » dans le contexte particulièrement tendu des négociations annuelles entre producteurs et distributeurs, soulignent les acteurs de la filière.
Michel-Edouard Leclerc ne s’en est pas caché : « Les fournisseurs de farine ont beaucoup invoqué la hausse du prix du blé pour demander des augmentations considérables », a-t-il déclaré mardi sur BFM-TV, défendant son choix sur un « produit phare », « marqueur de l’inflation », comme il l’avait fait pour le carburant il y a quelques mois.
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