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Obligé d'utiliser du biokérosène, Air France-KLM invente la surcharge "carburant durable" - La Tribune

Il fallait bien commencer quelque part. En dépit d'un bilan carbone bien moindre - avec une réduction des émissions de CO2 pouvant aller jusqu'à 80 % sur l'ensemble du cycle de vie par rapport au kérosène d'origine fossile - l'utilisation des carburants d'aviation durables (SAF) n'a toujours pas décollé. Bien qu'incorporable à hauteur de 50 % dans les avions commerciaux, sans modification aucune, ils représentent aujourd'hui moins de 1% du carburant utilisé dans l'aérien à travers le monde. Un immobilisme largement dû à une équation économique non résolue, avec des prix encore prohibitifs. Air France-KLM a fini par prendre les devants en annonçant qu'il allait répercuter une partie du surcoût engendré par l'utilisation de biocarburants sur les prix des billets.

Dans un message adressé à ses clients depuis ce lundi, la compagnie Air France indique qu'une "contribution 'Carburant Aviation Durable' sera intégrée à partir du 10 janvier dans le prix du billet: de 1 à 4 euros en cabine Economy, de 1,50 à 12 euros en cabine Business, selon la distance". Des mesures comparables s'appliquent également dans les autres compagnies de groupe, KLM et Transavia.

Cela doit permettre de compenser en partie le coût des SAF, évalué entre 4 et 8 fois supérieur à celui du kérosène. Un surplus non-négligeable lorsque l'on sait que la facture carburant est l'un des postes de coûts majeurs du transport aérien, à hauteur de 20 à 30 % du total. Air France-KLM, qui espérait jusque-là la mise en place de dispositifs incitatifs publics, au niveau français ou européen, pour permettre de gommer la différence et favoriser l'utilisation de biocarburants s'est donc résolue à prendre les devants en répercutant le surcoût sur le prix des billets.

Lire aussi 5 mnZéro émission de CO2 en 2050 : comment les compagnies aériennes comptent s'y prendre (IATA)

Une baisse des coûts espérée

Air France-KLM, comme l'ensemble du secteur, espère ensuite que la montée en puissance de la production permettra de normaliser la situation. Le groupe français se veut même affirmatif et déclare : "L'émergence de filières pour une production à grande échelle, en France et en Europe, permettra de réduire ces coûts." Les SAF sont d'ailleurs considérés par l'Association internationale du transport aérien (IATA), principal représentant mondial des compagnies aériennes, comme le principal vecteur pour atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici 2050.

Cette décision d'instaurer une contribution pourrait impacter les ventes du groupe, dans une période toujours très compliquée pour le transport aérien. Certains clients pourraient être convaincus par la démarche. Air France va d'ailleurs proposer à ses passagers de "contribuer volontairement à l'achat de carburant d'aviation durable supplémentaire" sur son site internet en assurant que "chaque euro de contribution volontaire sera investi dans l'achat de ces carburants". Pourtant, les appels à contribution volontaire génèrent jusqu'ici un engouement assez mitigé chez les passagers, à l'image du programme de compensation "Trip and Tree", en place depuis 2019. En 2020, le projet a enregistré un peu plus de 34 000 donateurs sur 34 millions de passagers transportés par les compagnies du groupe.

Lire aussi 5 mnSafran et TotalEnergies s'allient pour le développement des carburants verts

Les premiers mandats entrent en vigueur

Au-delà de la volonté de verdir son image avec la mise en place de ce surcoût, Air France-KLM répond surtout à la mise en place d'un premier mandat d'incorporation : depuis le 1er janvier, la France a instauré l'obligation d'intégrer au moins 1% de carburant durable dans le kérosène. A partir de 2025, c'est un règlement européen qui doit prendre le relai, tel que voulu dans le paquet climat "Fit for 55" présenté en juillet par la Commission européenne. Celui-ci prévoit des mandats d'incorporation progressifs, de 2% en 2025, puis de 5% en 2030 pour aller jusqu'à 63 % en 2050.

Cette stratégie de mandats doit impulser le lancement de la production et l'utilisation des SAF à grande échelle. A l'inverse, les Etats-Unis ont misé sur une politique incitative, avec au moins 4,3 milliards de dollars sur la table pour faire passer la production américaine de SAF de 1 million à 800 millions de litres d'ici 2030.

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