
Malgré le redoux des derniers jours, les retombées des tensions du réseau électrique français pourraient bientôt se faire sentir. En effet, déjà frappé par une flambée inédite des prix de l'énergie, le pays doit composer avec une faiblesse historique de sa production nucléaire à l'origine, en moyenne, de 70% de son électricité. Et pour cause, de nombreux réacteurs se trouvent actuellement en maintenance, sans compter qu'EDF a stoppé l'activité de deux centrales après la découverte d'un défaut de soudure. Une situation critique révélatrice du manque de marges du système de production électrique de l'Hexagone, et qui pourrait bien menacer sa sécurité d'approvisionnement au plus fort de l'hiver. En témoignent les dernières prévisions du gestionnaire de réseau à haute tension RTE, celui-ci ayant relevé son « niveau de vigilance » pour le mois de janvier.
Dans ces conditions et pour éviter que les circonstances ne s'aggravent, l'exécutif a indiqué ce mercredi qu'il pourrait recourir en janvier et en février à un combustible pour le moins polluant, et dont Emmanuel Macron avait pourtant promis de sortir d'ici à fin 2022 : le charbon.
« Afin de réduire le risque sur la sécurité d'approvisionnement des Français, le gouvernement envisage d'assouplir les conditions de fonctionnement des centrales à charbon sur la période hivernale en cours », a ainsi indiqué à l'AFP le ministère de la Transition écologique.
Le gouvernement a ainsi mis en consultation jusqu'au 20 janvier un projet de décret permettant de relever temporairement le plafond d'émission de gaz à effet de serre des centrales de production d'électricité à partir de combustibles fossiles. Pour rappel, ce plafond avait été instauré par la loi Énergie Climat de 2019. Fixé à 0,55 tonne d'équivalent CO2 par MWh, il permet le maintien en veille de certaines centrales à charbon, afin de les solliciter seulement quelques heures par an, en cas d'hyper pointe.
Limité aux mois de janvier et février
« Strictement limitée » à ces deux mois, au cours desquels la consommation de chauffage, et donc d'électricité, explose du fait des pics de froid, la mesure d'assouplissement de ces règles « ne changerait pas le calendrier de fermeture des centrales à charbon », a-t-on néanmoins précisé à l'Hôtel de Roquelaure.
« Les centrales du Havre et de Gardanne ont déjà été fermées et celle de Saint-Avold fermera comme prévu au printemps 2022 », a fait valoir le ministère.
Il n'empêche que, malgré la promesse d'Emmanuel Macron, la centrale de Cordemais (Loire-Atlantique) pourra continuer de fonctionner jusqu'en 2024. En cause, une fois encore : un risque de tensions sur le réseau, le temps que l'EPR de Flamanville (Manche) entre en service, après dix longues années de retard.
Si la mesure semble antagonique avec les objectifs climatiques du pays, la production d'électricité à partir de charbon devrait cependant rester largement minoritaire dans le mix électrique, aujourd'hui largement décarboné. Celle-ci avoisine aujourd'hui les 1%, très loin derrière le nucléaire (69%), l'hydraulique (12%), l'éolien (10%) ou encore le gaz fossile (6%).
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