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L'Etat de nouveau appelé au chevet d'EDF - Le Monde

Après l’avoir (beaucoup) mis à contribution pour contenir la facture des ménages et des industriels, l’Etat s’apprête à aider (un peu) le groupe Electricité de France (EDF). L’actionnaire majoritaire va participer, à hauteur de 2,1 milliards d’euros, à la recapitalisation de 2, 5 milliards d’euros de l’entreprise. C’est « un signal lancé à destination des investisseurs privés pour leur dire qu’ils peuvent avoir confiance dans EDF », a justifié Bruno Le Maire, ministre de l’économie, vendredi 18 février, espérant « un effet de levier de l’investissement public sur l’investissement privé ». Les parts de l’Etat dans la société devraient rester stables, autour de 84 %.

Cette recapitalisation – équivalant à quelque 9 % par rapport à la valorisation boursière de l’entreprise vendredi 18 février au matin – est censée aider EDF à affronter l’année en cours. Car les mois à venir s’annoncent rudes. Bien davantage que pour les résultats de l’année 2021, communiqués le même jour : 84 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en hausse de 22,4 % sur un an. La reprise de l’activité économique, entre autres facteurs, a plus que doublé le bénéfice net du groupe (4,7 milliards d’euros).

« Dans le collimateur »

Reste une donnée autrement plus pesante, l’endettement de l’entreprise : 43 milliards d’euros en 2021, contre 42,3 milliards un an auparavant. Cette dette devrait prendre de l’ampleur, au vu des chantiers annoncés le 10 février par Emmanuel Macron : à deux mois de l’élection présidentielle, le chef de l’Etat a promis entre 6 et 14 nouveaux réacteurs nucléaires d’ici à… 2050, sans en détailler le financement.

Une recapitalisation d’un peu plus de 2 milliards d’euros, « ce n’est pas beaucoup par rapport à la masse d’investissements et aux problèmes auxquels est confrontée EDF », constate Jacques Percebois, professeur émérite à l’université de Montpellier et directeur du Centre de recherche en économie et droit de l’énergie. Tout cela, toujours « dans le collimateur de la Commission européenne », qui traque toute aide d’Etat susceptible, selon elle, de fausser la concurrence. « Vis-à-vis de la Commission, il peut être plus facile pour l’entreprise de justifier une dotation en capital qu’un apport en compte courant », juge cependant l’économiste.

L’Etat avait déjà procédé à une recapitalisation de 3 milliards d’euros en 2017. Sa nouvelle contribution intervient peu après l’annonce du rachat des activités nucléaires de General Electric (ex-Alstom) par EDF, que le gouvernement a largement encouragé. Ces mêmes activités avaient été cédées en 2014 au conglomérat américain, quand M. Macron était ministre de l’économie.

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